EDF bondit de 9,5% à 12,81 euros. Les investisseurs spéculent sur la perspective d'un relèvement de son prix de vente réglementé de l'électricité nucléaire et, surtout d'une scission du groupe (le fameux projet Hercule), avec d'un côté la production électricité nucléaire (qui échoit au public) et de l'autre, la distribution et les énergies renouvelables (qui deviendraient quasi-privatisées). Les analystes, qui attendaient cela depuis des mois ne cachent pas leur enthousiasme. Jefferies a confirmé sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 14 euros sur l'électricien public.

Avec un prix réglementé compris entre 45 et 50 euros/MWh (contre 42 aujourd'hui), le bureau d'études évalue le potentiel de hausse du titre entre 20 et 40%.

Mieux, Citi a relevé son objectif de cours sur EDF de 12,3 à 14,9 euros tout en réitérant sa recommandation d'Achat. Le broker a relevé à 50% la probabilité d'une réforme (son scénario table sur sur une hausse de 6 euros par MWh et sur une baisse de 50 points du coût moyen pondéré du capital pour EDF).

Pour le courtier, une hausse d'un euro par mégawatt-heure du prix de vente aurait un impact positif d'environ un euro par action sur la valorisation du groupe.

Selon les Echos, les négociations entre la France et la Communauté européenne concernant le tarif de électricité nucléaire et la réorganisation de l'électricien français s'accélèrent. Pour Libération, un accord aurait même été trouvé. D'après Les Echos, Paris et Bruxelles seraient raccord sur les principes de la réforme du mécanisme régulant la vente de l'électricité nucléaire qu'EDF juge déséquilibré depuis de nombreuses années.

Le groupe public obtiendrait ainsi une hausse du prix de vente de son électricité nucléaire, actuellement fixé à 42 euros par MW/h. " Le nouveau prix devrait se situer entre 45 et 50 euros ", a indiqué une autre source au quotidien.

Reste la contrepartie à accorder à Bruxelles, soit la question de la scission d'EDF afin de séparer notamment les métiers de vente d'électricité, des énergies renouvelables (EDF vert) et ceux de la production d'électricité nucléaire (EDG bleu) afin éviter les distorsions de concurrence entre EDF et ses concurrents Engie ou Total Direct Energie.

Ce scénario semble gagnant pour les investisseurs. Ces derniers pourraient profiter du boom des énergies renouvelables sans être concernés par les problèmes liés au nucléaire (dette astronomique, retards à répétition des constructions de centrales, mises aux normes des anciennes, etc.).

Pour autant, ce scénario qui pourrait s'apparenter à une privatisation des gains et à une socialisation des pertes suscite depuis des mois la polémique. Surtout qu'il risque d'aboutir, in fine, à une hausse des prix pour les consommateurs, selon des syndicats d'EDF et une partie de salariés du groupe qui sont d'ailleurs en grève. Affaire à suivre...