En repli ce matin, l'action EDF affiche désormais la plus forte hausse de l'indice SBF 120 grâce à un bond de plus de 12% à 8,82 euros. Le titre de l'électricien est galvanisé par les déclarations de la Première ministre Elisabeth Borne. A l'occasion de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, elle a indiqué que l'Etat français entendait détenir 100% du capital d'EDF. Il détient à l'heure actuelle un peu moins de 84% de son capital, qu'il avait ouvert en novembre 2005.

Cette annonce est une surprise, même si le gouvernement n'a en réalité pas d'autres choix compte tenu de la nouvelle assemblée générale où le parti au pouvoir ne dispose plus que d'une majorité relative.

Partant du principe qu'il faut sauver EDF pour assurer l'indépendance énergétique du pays, Emmanuel Macron souhaitait une nationalisation totale de l'activité nucléaire (EDF Bleu), et l'ouverture d'EDF Vert (Enedis, énergies renouvelables, commercialisation) aux investisseurs privés. Le fameux projet Hercule.
Mais ce schéma, ou un autre s'en approchant, demande le feu vert du Parlement. Or, certains partis comme la Nupes se seraient sans doute opposés à ce projet qui équivaut selon certains à " une privatisation des profits et une nationalisation des pertes ".

A l'inverse en nationalisant l'intégralité d'EDF, le gouvernement devrait obtenir la majorité du Parlement.

L'enjeu est de taille tant EDF est en fâcheuse posture. Le groupe plie sous le poids d'une dette colossale de 43 milliards d'euros et ses centrales nucléaires demandent des investissements massifs. 

Pour ne rien arranger, Bruxelles oblige EDF à vendre à prix réduit une partie de son énergie nucléaire à ses concurrents. Et pour épargner le pouvoir d'achat des ménages, l'Etat a interdit au groupe de relever ses prix malgré l'inflation. Bref, la situation est grave.

Une fois intégralement dans le giron de l'Etat, EDF pourrait sans doute bénéficier de conditions financières plus attractives et bien sûr des capitaux nécessaires à ses investissements dans les nouveaux EPR promis par Emmanuel Macron.

De son côté, l'Etat pourrait pour décider de nouvelles mesures destinées à contenir la flambée des prix.

La question est maintenant de savoir sous quelle forme se réalisera cette nationalisation.

Le gouvernement pourrait opter une offre publique simplifiée à destination des minoritaires, soit par un projet de loi de nationalisation.

Une chose est sûre, le rachat des minoritaires ne se fera pas au prix d'entrée d'EDF en Bourse en 2005... 35 euros.