FRANCFORT (dpa-AFX) - Les fournisseurs d'énergie européens ont continué à être sous pression mardi, dans le sillage des faibles données américaines. Des deux côtés de l'Atlantique, la hausse des rendements obligataires pèse sur les cours. Des prix en baisse, des attentes en matière de taux d'intérêt encore plus élevées et peu d'intérêt de la part des investisseurs pour la "valeur refuge" face aux risques de récession - aux yeux de nombreux acteurs du marché, plusieurs éléments jouent actuellement en défaveur du secteur, explique l'analyste Sam Arie de la grande banque suisse UBS.

L'indice sectoriel européen a perdu 2,4 pour cent au sein du Stoxx Europe 600 et a atteint son niveau le plus bas depuis fin octobre 2022. Dans le Dax affaibli, les fournisseurs RWE et Eon ainsi que le groupe de technologie énergétique Siemens Energy ont compté parmi les plus grands perdants avec des baisses de cours de 2,8 à 3,3 pour cent. Ce dernier souffre en outre depuis des mois de l'augmentation constante des coûts liés aux problèmes techniques des éoliennes de sa filiale Siemens Gamesa.

D'une manière générale, les actions du secteur des énergies renouvelables ont continué de subir la pression vendeuse ce mardi. L'expert d'UBS Arie a évoqué un sentiment de fragilité, notamment en raison de la chute du cours d'Orsted suite à des problèmes avec des éoliennes dans les eaux côtières. Les débats dans de nombreux pays sur la réduction des mesures politiques respectueuses de l'environnement n'aident pas non plus, selon lui.

A la fin du MDax, les actions du fabricant d'éoliennes Nordex et de l'exploitant de parcs éoliens et solaires Encavis ont reculé respectivement de 4,5 et 4,1 %. Le groupe solaire SMA Solar s'est un peu mieux comporté, avec une baisse de 1,4 %. Dans le SDax, les titres du concurrent d'Encavis, Energiekontor, ont perdu 3,8 %. Le fournisseur de piles à combustible SFC Energy, avec moins 2,7 pour cent, a également fait partie des perdants.

Hormis Eon, les actions ont également perdu de la valeur depuis le début de l'année, parfois même de manière drastique. En revanche, malgré leur récente faiblesse, les principaux indices boursiers européens peuvent toujours afficher des bénéfices pour 2023. Les stratégistes de marché de JPMorgan estiment qu'après la correction, il y a de bonnes chances de renforcer les positions qu'ils recommandent de toute façon dans le secteur de l'énergie. Mislav Matejka et son équipe expliquent que les rendements obligataires américains pourraient être sur le point d'atteindre un sommet, que l'environnement réglementaire pour les services publics va s'améliorer et que l'incertitude va disparaître. Les valorisations sont devenues nettement plus attrayantes, selon les experts. Et à moyen terme, le thème des énergies renouvelables reste un moteur important.

L'expert d'UBS Arie voit lui aussi des raisons d'espérer. À un moment donné, les rendements obligataires devraient cesser d'augmenter, voire même baisser, ce qui entraînerait une évolution inverse des prix des matières premières. Les vents contraires de la conjoncture pourraient alors se transformer en vents arrière en 2024/25. Les stratèges de marché d'UBS ont continué à prévoir des risques de récession et une baisse des taux directeurs pour l'année à venir. En outre, après des discussions lors d'une conférence interne sur le secteur, il ne voit guère d'indices que les conditions fondamentales positives pour les énergies renouvelables ne sont plus réunies./gl/ag/men