Les actionnaires d'Eramet doivent avoir le cœur bien accroché tant le titre du groupe minier joue aux montagnes russes. Après avoir flambé de 12% en deux séances dans le sillage des cours du nickel, Eramet chute aujourd'hui de 11% à 55,60 euros, pénalisé par la sortie d'importants investisseurs de son capital à un prix bradé. Les banques italiennes Intesa Sanpaolo et Unicredit ont annoncé hier soir la cession de 2,98 millions d'actions, soit 11,2% du capital, à 57 euros par titre.
Les banques italiennes ont dû concéder un rabais de 10,3% pour trouver preneur. Les acheteurs, qui ne sont pas encore connus, sont des investisseurs qualifiés italiens et des investisseurs institutionnels étrangers.
Le prix de l'opération a de quoi décevoir mais pas tellement de surprendre. En premier lieu, l'actionnariat d'Eramet est très concentré. Le groupe est en effet aux mains de la famille Duval (37,05% du capital). Cette famille a de plus noué un pacte d'actionnaires avec l'Etat (26,65%). Le concert détient donc à lui seul 63,7% des actions.
A ces capitaux non flottants s'ajoutent les 4,03% de la Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle, détenue par les trois provinces de la Nouvelle-Calédonie, et les 1,34% du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (une émanation de l'Etat français). En clair, le flottant d'environ 31,9% est restreint, ce qui limite l'aspect spéculatif du titre.
Au-delà, les investisseurs savent très bien qu'Eramet revêt un aspect politique fort en raison à la fois de ses zones géographiques d'influence et de l'importance stratégique de sa production.
Eramet Nickel détient des mines de nickel en Nouvelle-Calédonie et transforme elle-même la majeure partie de son minerai. Huitième producteur mondial de nickel, le groupe est le premier producteur mondial de ferronickel, un des trois seuls producteurs mondiaux de nickel de haute pureté, ainsi que le leader mondial du chlorure de nickel.
De son côté, Eramet Manganèse est le deuxième producteur mondial de minerai de manganèse à haute teneur grâce à sa mine de Moanda au Gabon, le deuxième producteur mondial d'alliages de manganèse et le premier producteur d'alliages à plus haute valeur ajoutée, les "affinés".
Enfin, Eramet Alliages est le deuxième producteur mondial de pièces matricées pour l'aéronautique et l'énergie, deux secteurs où la France entend garder sa souveraineté. D'ailleurs,depuis la victoire d'Emmanuel Macron, les spéculations vont bon train sur de prochaines privatisations…. Mais le nom d'Eramet n'est jamais évoqué.
Eramet, groupe minier et métallurgique mondial, est un acteur clé de l'extraction et de la valorisation de métaux (manganèse, nickel, sables minéralisés) et de l'élaboration et la transformation d'alliages à forte valeur ajoutée (aciers rapides, aciers à hautes performances, superalliages, alliages d'aluminium ou de titane).
Le groupe accompagne la transition énergétique en développant des activités à fort potentiel de croissance, telles que l'extraction et le raffinage du lithium, et le recyclage.
Eramet se positionne comme le partenaire privilégié de ses clients des secteurs de la sidérurgie, de l'aciérie inox, de l'aéronautique, de l'industrie des pigments, de l'énergie, et des nouvelles générations de batteries.
En s'appuyant sur l'excellence opérationnelle, la qualité de ses investissements et le savoir-faire de ses collaborateurs, le groupe déploie un modèle industriel, managérial et sociétal vertueux et créateur de valeur.
Le CA par famille de produits se ventile essentiellement entre manganèse (60,8%), nickel (30,6%) et sables minéralisés (8,5%).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (1,3%), Europe (20,4%), Chine (31,1%), Asie (29%), Amérique du Nord (12,4%), Afrique (2,3%), Océanie (2,2%) et Amérique du Sud (1,3%).