New York (awp/afp) - La Bourse de New York reculait nettement à l'ouverture vendredi, sur la défensive après avoir enregistré son meilleur mois depuis des décennies et face à des résultats en demi-teinte.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, reculait vers 14H10 GMT de 1,53%, à 23.973,25 points et le Nasdaq, à forte coloration technologique, de 1,60% à 8.747,20 points.

L'indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, cédait 1,69% à 2.863,28 points.

Sur l'ensemble d'avril, le Dow Jones s'est apprécié de 11,1% et le S&P 500 de 12,7%, les deux indices enregistrant au passage leur meilleure performance mensuelle depuis 1987. Le Nasdaq a progressé de 15,4%, son meilleur mois depuis 2000.

Vendredi, les acteurs du marché digéraient les publications trimestrielles de grands noms de la cote dont Amazon (-5,68%) qui a annoncé qu'il dépenserait les 4 milliards de dollars de bénéfice opérationnel prévus ce trimestre pour investir dans la gestion de la crise, et Apple (+1,64%) qui n'a pas voulu donner de prévisions pour le trimestre en cours.

Le géant pétrolier ExxonMobil (-4,52%) est de son côté passé dans le rouge au premier trimestre, en raison d'une lourde charge de 2,9 milliards de dollars liée à des dépréciations d'actifs du fait de la chute des cours du pétrole.

Son concurrent Chevron (-2,98%) a dégagé un gros bénéfice net de 3,6 milliards de dollars, grâce notamment à un gain de cession de 240 millions, un crédit d'impôt de 440 millions et des effets de change favorables estimés à 514 millions, mais son chiffre d'affaires a baissé de 10,5%.

Le président américain Donald Trump a par ailleurs rallumé la flamme de la guerre commerciale avec la Chine en disant envisager des taxes punitives contre Pékin après avoir vu des éléments lui faisant penser que le nouveau coronavirus proviendrait d'un laboratoire chinois à Wuhan.

'Réalité du terrain'

"Le repli du marché n'est pas tant lié aux déceptions (générées par les diverses annonces des entreprises) qu'au constat que leurs actions, ainsi que beaucoup d'autres, ont grimpé trop vite trop fort", estime Patrick O'Hare de Briefing.

Le S&P 500 s'est apprécié de 35% depuis le 23 mars alors même que les indicateurs reflètent les uns après les autres la sévérité du choc économique provoqué par la pandémie de Covid-19 et les restrictions imposées pour enrayer sa propagation, souligne le spécialiste.

Avec la levée progressive des mesures de confinement, "on va maintenant entrer dans le vif de la reprise, et les espoirs de redémarrage vont se confronter avec la dure réalité du terrain", remarque-t-il. "Les investisseurs vont réajuster leurs prises de risques en fonction et on va probablement voir plus de résistance."

Sur le marché obligataire, le taux à 10 ans sur les bons du Trésor américain reculait, évoluant à 0,6307% contre 0,6393% jeudi soir.

Parmi les autres résultats du jour, l'émetteur de cartes de crédit Visa perdait 0,18%. Le groupe a vu les dépenses de ses clients baisser fortement en mars et n'a pas souhaité donner de prévisions pour l'année.

Le groupe de cosmétiques Estée Lauder (-1,26%) a subi une perte nette au 3e trimestre de son exercice décalé à cause de la pandémie mais les affaires reprennent en Chine, à l'instar d'autres marques de luxe, et les ventes en ligne fleurissent.

Le groupe de produits d'hygiène et ménagers Colgate-Palmolive (-0,13%) a suspendu vendredi ses prévisions financières pour 2020, invoquant les incertitudes causées par la pandémie.

Clorox (+4,89%), qui fabrique des produits d'hygiène pour la maison comme des désinfectants, a vu ses ventes bondir et a relevé ses prévisions annuelles.

Le constructeur aéronautique Boeing reculait de 2,06% après avoir annoncé le lancement d'un emprunt obligataire de 25 milliards de dollars et indiqué qu'il renonçait pour l'heure à l'aide fédérale.

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