En témoignent nos récits articles sur Charter ou Walgreens, entre autres. C'est que, pour citer Warren Buffett, les mathématiques des rachats d'actions ne sont pas compliquées à comprendre :  à l'instar de n'importe quel investissement, ils créent de la valeur s'ils sont réalisés à des valorisations attractives, comme ils en détruisent s'ils sont réalisés à des valorisations trop élevées. 

Dans le second cas de figure, ils se font donc au détriment de l'entreprise et de ses actionnaires à long terme mais, souvent, au bénéfice de la partie vendeuse — par exemple les insiders qui écoulent les importants volumes de titres reçus via leur stock-options — et des banques d'investissement qui les conseillent. 

Quitte à critiquer ceux qui abusent du procédé, il s'agit aussi de féliciter ceux qui en font un usage judicieux. L'exemple de l'assureur canadien Fairfax vient ici à l'esprit. Présidé par Prem Watsa, entrepreneur émérite, le groupe est justement structuré comme Berkshire Hathaway — avec une activité d'assurance profitable qui finance ses activités d'investissement. 

Ces six dernières années, Fairfax a réduit son nombre d'actions en circulation de 17%. Les titres retirés de la cote ont été rachetés à un cours moyen deux fois inférieur à celui du moment, pour des multiples de valorisation compris entre x0.6 et x0.9 la valeur des capitaux propres. Capitaux propres du reste rentables chaque année... 

Cette stratégie intelligente s'est doublée d'une gestion du portefeuille obligataire de l'assureur particulièrement intelligente : Fairfax a massivement vendu ses obligations au dernier trimestre 2021, lorsque les taux étaient à 1%, pour ensuite massivement les racheter en octobre dernier, lorsque les taux frisaient avec les 5%.

L'action du groupe faisait du surplace depuis six ans. Ces deux bons coups conjugués ont permis de doubler sa capitalisation boursière en l'espace de quelques semaines.