Sa valorisation a doublé en 2023, soutenue par l'accueil favorable réservé par les investisseurs à la scission du groupe en trois entités distinctes, ainsi qu'à la nette reprise au sein du segment aérospatiale après l'hiver nucléaire causé par la pandémie.

Fin 2022, GE se séparait via un spin-off de son segment santé, désormais coté en tant que GE HealthCareTechnologies. Stable mais sans croissance, ce segment — dans lequel GE retient une participation de 13.5% — produit un profit annuel compris entre $1.5 et $2 milliards. Sa valorisation du moment reflète bien cette dynamique. 

Au printemps prochain, GE se scindera en deux entités : GE Aerospace, le joyau de la couronne que présidera Larry Culp, l'ancien directeur général de Danaher et l'artisan du redressement du conglomérat basé à Boston ; et GE Vernova, qui regroupera sous un même toit les activités renouvelables et turbines. 

GE Aerospace affiche les meilleures marges opérationnelles et s'appuie sur une position compétitive ultra-dominante — en duopole avec Rolls-Royce et Pratt & Whitney selon les gammes de moteurs — mais son potentiel de croissance est limité ; l'année 2023 fut excellente quoique exceptionnelle, car marquée par la reprise des commandes post-pandémie.  

GE Vernova, en revanche, reste en expansion soutenue grâce aux renouvelables. Malgré un retournement de cycle brutal qui n'a épargné aucun de ses concurrents, et une exploitation qui reste nettement déficitaire, le segment renouvelables enregistre en 2023 une hausse des commandes de 54%. 

Au sein de Vernova, cette perte sera compensée quasiment au dollar près par le profit d'exploitation du segment turbines, ou GE Power. Celui-ci enregistre une modeste croissance — 4% seulement — de ses commandes en 2023, mais il délivre un profit d'exploitation de $1.45 milliards. 

En dépit de carnets de commandes bien garnis et d'un profit d'exploitation consolidé en hausse de 63% par rapport à l'an passé, le marché risque d'accueillir avec prudence des prévisions de résultats pour 2024 et 2025 plus timides qu'escompté. 

Ceci, d'autant plus la valorisation de l'ensemble reflète bien la somme des parties suite à la hausse spectaculaire du titre en 2023. GE Aerospace et GE Vernova affichent tous deux des chiffres d'affaires équivalents — $33 et $32 milliards — mais le premier produit $6 milliards de profit d'exploitation, tandis que le second vivote à peine à l'équilibre.

Une fois la scission actée et les deux entités cotées indépendamment, il ne serait pas étonnant que s'exerce une forte pression à la vente sur le titre GE Vernova — tant les actionnaires historiques de GE voudront possiblement garder le joyau de la couronne et se délester du segment moins rentable.