Correction d'une dépêche diffusée mercredi : dans le 4e paragraphe après le 1er intertitre, bien lire qu'Opel aurait déjà remboursé 200 millions d'euros et non 900 millions.

Ce revirement, que GM a justifié en mettant en avant l'intérêt stratégique d'Opel et des signes d'amélioration dans l'industrie automobile, a été très critiqué en Allemagne et, à l'inverse, salué en Grande-Bretagne.

Camouflet pour la chancelière Angela Merkel, la décision accroît le risque d'un conflit entre GM et les syndicats allemands et pose la question de savoir comment le constructeur américain compte financer un plan de restructuration qu'il évalue à trois milliards d'euros.

"La décision du conseil d'administration de GM clarifie la situation d'Opel/Vauxhall", a déclaré Opel dans un court communiqué.

La décision de conserver Opel a été prise lors d'un conseil d'administration organisé alors que la Commission européenne avait demandé à GM de confirmer sa volonté de vendre Opel.

En décidant de ne pas vendre le constructeur allemand, GM effectue une volte-face qui vient écrire une nouvelle page d'un feuilleton démarré voilà plusieurs mois.

Au terme d'une compétition féroce, le canadien Magna, allié à la banque russe Sberbank, avait été choisi par GM pour acquérir 55% d'Opel.

ANGELA MERKEL PRISE AU DÉPOURVU

Jugeant "totalement inacceptable" l'attitude de GM, le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle a déclaré mercredi que le groupe américain devrait rembourser le prêt relais mis en place par l'Etat fédéral en mai dernier.

Le comportement de GM montre "l'horrible visage du turbocapitalisme", a déclaré Jürgen Rüttgers, ministre-président du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

GM Europe a fait savoir que le crédit-relais serait remboursé à l'Allemagne si le gouvernement le demandait.

Opel aurait déjà remboursé 200 millions d'euros sur le total de 1,1 milliard d'euros que le constructeur avait emprunté aux autorités allemandes. GM Europe a ajouté qu'une procédure d'insolvabilité d'Opel ne serait dans l'intérêt ni de GM, ni des clients, salariés ou fournisseurs d'Opel.

La filiale européenne de General Motors a également dit qu'il était prévu de réduire les charges fixes d'Opel de 30% mais elle s'est abstenu de tout commentaire quant à d'éventuelles suppressions d'emplois ou fermetures d'usines.

Selon des responsables allemands s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, l'annonce de GM a pris au dépourvu la chancelière et ses conseillers.

Ce rebondissement ne surprend qu'à moitié certains analystes pour qui l'attitude de GM, qui ne montrait pas grand empressement à finaliser la cession de sa filiale, préfigurait un tel épilogue.

"GM n'a jamais vraiment voulu vendre Opel. Ils y étaient contraints en raison de leur situation financière. Un grand nombre de véhicules de GM sont sortis des cartons des ingénieurs d'Opel, c'est donc qu'Opel est très utile au groupe. Maintenir cette présence rendra service au groupe sur le long terme", souligne Aaron Bragman d'IHS Global Insight.

AMERTUME EN ALLEMAGNE, SATISFACTION BRITANNIQUE

L'amertume et la colère se mêlaient à l'incrédulité chez les syndicats du constructeur, qui avaient soutenu l'accord avec Magna finalement intervenu le 10 septembre dernier.

Les représentants des 50.000 salariés d'Opel (dont 25.000 Allemands) ont accepté un abaissement des coûts salariaux à hauteur de 265 millions d'euros par an en échange de garanties pour l'emploi, mais cette concession, faite pour faciliter la vente à Magna, pourrait être remise en cause (Pour en savoir plus: ).

GM a promis de présenter rapidement au gouvernement allemand un plan de restructuration d'Opel, a déclaré Beatrix Brodkorb, porte-parole du ministère allemand de l'Economie.

Un porte-parole du gouvernement allemand a ajouté qu'il comprenait que la décision de GM de ne pas vendre Opel était définitive.

Le plan de restructuration de Magna suscitait des interrogations dans plusieurs pays où Opel est implanté. La Grande-Bretagne par exemple, patrie de Vauxhall, la marque britannique d'Opel, avait fait part de ses réticences à plusieurs reprises.

Le gouvernement britannique a appris la décision de GM avec satisfaction, proposant d'apporter une aide financière au groupe américain.

Version française Nicolas Delame et Jean Décotte