Zurich (awp) - Le mastodonte minier et du négoce Glencore va lancer un nouveau programme de rachat d'actions, en dépit de résultats semestriels en forte baisse, pénalisés par la baisse des cours des matières premières. Son bénéfice a sombré de quasiment des deux tiers, après un premier semestre 2022 porté par l'envolée des cours suite au déclenchement de la guerre en Ukraine.

"Si l'on met l'année exceptionnelle de 2022 entre parenthèses, ce fut le meilleur résultat semestriel depuis 10 ans", a assuré le directeur général de Glencore, Gary Nagle en conférence téléphonique, se réjouissant malgré des résultats en chute sur un an.

De janvier à juin, le chiffre d'affaires a reculé de 20% à 107,4 milliards de dollars (93,8 milliards de francs suisses), quand l'excédent brut opérationnel (Ebitda) ajusté a plongé de moitié à 9,4 milliards. L'excédent d'exploitation avant charges d'intérêts et impôts (Ebit) ajusté s'est effondré de presque 60% à 6,3 milliards. Le bénéfice net a été largement sabré, plongeant de 62% à quasiment 4,6 milliards, selon les chiffres publiés par la multinationale zougoise mardi. Le bénéfice par action s'est amoindri à 0,36 dollar, après 0,92 dollar.

L'Ebitda s'avère bien inférieur aux projections d'un consensus compilé par Visible Alpha, qui s'attendait à 11,3 milliards de dollars.

Phase de normalisation

Le premier semestre a été caractérisé, dans l'ensemble, par "des flux rééquilibrés et normalisés" dans le négoce de l'énergie, avec une baisse des cours du charbon, du pétrole et du gaz. Le directeur général, Gary Nagle, a mis en avant "la force du modèle diversifié" de la société de Baar, qui a prouvé selon lui sa capacité à s'adapter dans des conditions de marché des matières premières marquées par une "normalisation des déséquilibres".

En plus de l'important affaiblissement des marchés de l'énergie, le cycle de l'inflation, les conditions monétaires resserrées et une croissance économique mondiale "limitée" ont contribué à des baisses moyennes de prix du cuivre, du cobalt, du nickel et du zinc de respectivement 11%, 59%, 13% et 26%. Les marchés finaux européens ont été faibles tandis que la réouverture de la Chine après la levée des restrictions liées au Covid-19 a accéléré la demande.

Dans le détail, l'Ebit ajusté de sa division négoce a chuté de moitié à 1,8 milliard de dollars, après une "performance exceptionnellement forte" au premier semestre 2022. Le résultat est toutefois supérieur à son objectif à long terme de 2,2 à 3,2 milliards.

L'Ebitda ajusté de son unité dédiée à la production a également fondu de moitié à 7,4 milliards, affecté par des prix plus bas, notamment du charbon, et par l'inflation des coûts.

Contexte plus favorable au 2e semestre

Le négociant en matières premières estime qu'une modération de l'inflation et le soutien de la politique gouvernementale en Chine vers les marchés finaux rendent l'environnement macroéconomique plus positif pour la seconde partie d'année.

Il annonçait fin juillet viser un excédent opérationnel de 3,5 à 4,0 milliards de dollars (3,0 à 3,5 milliards de francs suisses au cours du jour) pour ses seules activités de négoce en 2023. Les dépenses d'investissements annuelles sont évaluées en moyenne à 5,6 milliards de dollars.

Le groupe va enclencher un nouveau programme de rachat d'actions de 1,2 milliard de dollars d'ici la publication de ses résultats annuels en février 2024. Selon le chef des finances Steve Kalmin, le total des redistributions aux actionnaires doit franchir la barre des 10 milliards de dollars cette année. L'an dernier, il les évaluait à quelque 8,5 milliards.

Par ailleurs, la multinationale explique continuer à collaborer avec le bureau du Procureur général de la Confédération au sujet de Glencore International, pour avoir omis de mettre en place des mesures organisationnelles pour prévenir la corruption présumée et avec les autorités néerlandaises pour une enquête similaire. "Le calendrier et l'issue de ces enquêtes restent incertains", est-il écrit dans le rapport semestriel.

Vers 11h00 à la Bourse de Londres, l'action perdait 3,7% à 439,70 pence dans un FTSE 100 en retrait de 0,3%.

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