par Marco Aquino et Fabian Cambero
LIMA, 22 janvier (Reuters) - La police péruvienne a
arrêté plus de 200 personnes accusées d'avoir pénétré
illégalement sur le campus d'une grande université de Lima,
tandis que les autorités de Cuzco ont décidé de fermer le Machu
Picchu et les chemins de randonnée autour de l'ancienne cité
inca sur fond de manifestations antigouvernementales.
Les manifestants réclament depuis plusieurs semaines la
démission de Dina Boluarte, qui a remplacé à la présidence du
pays Pedro Castillo, qui avait tenté sans succès de dissoudre en
décembre le Parlement pour éviter sa destitution.
Des dizaines de Péruviens ont été blessés vendredi à la
suite de nouveaux affrontements avec la police. A Lima, dans la
capitale, les forces de sécurité ont fait usage de gaz
lacrymogènes pour repousser les manifestants qui leur lançaient
des bouteilles en verre et des pierres.
Quelque 46 personnes ont été tuées depuis le début des
affrontement et neuf autres dans des accidents de la circulation
liées à des barricades érigées dans le cadre des protestations.
Alfonso Barrenechea, responsable au bureau du procureur, a
déclaré sur les ondes de la radio locale RPP que 205 personnes
avaient été arrêtées à l'Universidad Nacional Mayor de San
Marcos pour avoir pénétré illégalement dans les locaux de
l'université. Ces personnes sont également soupçonnées d'avoir
dérobé du matériel électronique.
Le groupe de manifestants, visage masqué, a pris d'assaut le
campus vendredi en fin de journée, s'est débarrassé du personnel
de sécurité et a saisi leurs gilets et d'autres équipements,
selon un communiqué de l'université.
Des vidéos publiées en ligne montrent un véhicule blindé des
forces de sécurité enfoncer une des portes du campus afin d'y
pénétrer.
COUP DUR POUR LE TOURISME
Dans la région de Cuzco, porte d'entrée du Machu Picchu, la
grande mine de cuivre Antapaccay de Glencore a suspendu
ses activités vendredi après une action des manifestants pour la
troisième fois depuis le début de ce mois.
Les aéroports d'Arequipa, de Cuzco et de Juliaca, dans le
sud du pays, ont également été la cible des manifestants, ce qui
affecte le secteur touristique.
"Au regard de la situation sociale actuelle dans laquelle
sont plongés notre région et le pays, la fermeture du réseau de
sentiers incas et du Machu Picchu a été ordonnée, à compter du
21 janvier et jusqu'à nouvel ordre", ont indiqué dans un
communiqué les autorités culturelles de Cuzco.
Le Machu Picchu est un joyau touristique de premier plan
pour le Pérou avec plus d'un million de visiteurs par an.
Les heurts au Pérou, qui étaient concentrés jusqu'ici dans
le sud du pays, ont pris de l'ampleur au point que le
gouvernement a décidé d'étendre l'état d'urgence à six régions.
(Reportage Marco Aquino à Lima et Fabian Andres Cambero à
Santiago; version française Claude Chendjou,)