L'attitude de ThyssenKrupp et d'Henkel - qui fabrique entre autres la lessive Le Chat, les produits capillaires Schwarzkopf et les colles Pritt - pourraient attiser les craintes, exprimées entre autre par la Banque centrale européenne (BCE), de voir l'envolée des cours des matières premières se répercuter sur les prix des produits de consommation courante, alimentant l'inflation dans la zone euro.

"Les prix de nos matières premières ont doublé dans certains cas", a déclaré le directeur financier d'Henkel, Lothar Steinebach, dans un entretien publié par le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

"Nous augmentons nos prix. Nous l'avons déjà fait pour les adhésifs et nous allons faire de même dans d'autres domaines", a-t-il ajouté.

De son côté, ThyssenKrupp, confronté comme l'ensemble du secteur de la sidérurgie à la hausse des cours du minerai de fer et du charbon, a demandé à ses clients qui ont conclu des contrats d'approvisionnement en acier à prix fixes pour 2008 d'en signer de nouveaux sur la base d'un prix plus élevé mais garanti jusqu'à juin 2009.

Les clients qui refuseraient une telle renégociation prendraient le risque d'un traitement moins favorable l'an prochain, a prévenu le président du directoire de Thyssen, Ekkehard Schulz, dans l'hebdomadaire Der Spiegel.

"(Les clients) devraient s'attendre à une augmentation des prix encore plus importante en 2009. Et nous ne pouvons pas leur garantir qu'ils obtiendront les quantités demandées en 2009, parce qu'il y a aura une pénurie de nos aciers de haute qualité", a-t-il expliqué.

Les clients de ThyssenKrupp - quatrième sidérurgiste mondial par le chiffre d'affaires selon Schulz - se situent entre autres dans le secteur automobile et dans celui de la construction de centrales électriques.

Continental, numéro quatre mondial du pneu, semble lui avoir plus de mal à répercuter sur ses prix de vente la hausse de ses coûts de matières premières et d'énergie.

"Au premier semestre de cette année, nous n'avons pas été en mesure d'atteindre les marges de l'an dernier. Je suis prudent aussi pour l'ensemble de l'année", a déclaré le directeur de la division de pneumatiques du groupe, Alan Hippe, dans un entretien que publiera lundi le quotidien économique Handelsblatt.

Par ailleurs, le directeur financier de Henkel s'est dit prudent quant à la possibilité d'atteindre l'objectif de 3% à 4% de croissance du chiffre d'affaires cette année en raison de la vigueur de l'euro face au dollar américain.

"Le dollar demeure un facteur d'incertitude. Quand il baisse de 1%, cela ampute mécaniquement notre chiffre d'affaires de 40 millions d'euros", a-t-il dit.

L'euro s'est apprécié de 14 cents, soit près de 10%, face au billet vert depuis le début de l'année.

David Milliken, version française Marc Angrand