Paris (awp/afp) - Le président du conseil d'administration du cimentier Holcim, Beat Hess, a accusé devant la justice les anciens dirigeants de Lafarge d'avoir "caché" leurs activités en Syrie ciblées par la justice lors de la fusion en 2015 des deux groupes.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris doit dire mercredi après-midi si elle maintient la mise en examen de Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité".

Lors d'un interrogatoire par les juges d'instruction parisiens en charge du dossier le 29 novembre, dévoilé par le Parisien et dont l'AFP a eu connaissance mercredi, M. Hess a affirmé que "la société Holcim n'a rien à voir avec les actes d'anciens cadres de Lafarge qui font l'objet de l'instruction" depuis juin 2017.

"Tous les événements du dossier syrien ont été cachés à la société Holcim lors de la fusion et de l'audit juridique qui l'a précédé", a-t-il souligné, présentant Holcim comme "victime" et "trahie".

Beat Hess a ciblé comme responsables les "anciens cadres" mis en examen par la justice française, dont l'ex-PDG de Lafarge jusqu'en 2015, Bruno Lafont.

"Je souhaite mettre en exergue la différence entre la responsabilité de ces personnes et la société qui en est tenue pour responsable", a-t-il ajouté. Une telle mise en cause serait pour Beat Hess "totalement injuste".

Les juges ont aussi interrogé Beat Hess sur sa position quant à la longue liste des faits criminels imputés aux groupes jihadistes présents dans la région de sa cimenterie de Jalabiya en 2013 et 2014, ainsi que des rapports de l'ONU afférents.

Devant la justice, ses avocats ont contesté la qualification de "crimes contre l'humanité" pour certains de ces faits.

"Si ces faits ne relèvent pas de crime contre l'humanité, je ne sais pas ce qui peut être qualifié de +crime contre l'humanité+", a concédé Beat Hess, avant de tempérer: "je n'ai pas lu la définition (de cette infraction) mais bien sûr que c'est horrible".

En mars 2017, LafargeHolcim, devenue simplement Holcim en mai 2021, avait admis avoir "indirectement" financé en 2013 et 2014 des groupes armés en Syrie pour maintenir en activité sa cimenterie de Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d'Alep.

En décembre 2017, Beat Hess avait déjà évoqué "des erreurs inacceptables que le groupe regrette et condamne". En juin 2018, il avait souligné qu'"aucune des personnes mises en examen n'est aujourd'hui dans l'entreprise".

afp/al