Par rapport à l'an passé à la même époque, le profit consolidé augmente d'un tiers grâce à une nouvelle expansion de la marge d'intérêt nette. Celle-ci, pour une banque, correspond à la différence entre le coût des dépôts qu'elle rémunère et le taux des crédits qu'elle accorde.  

Les seconds se sont ajustés à la hausse — remontée des taux directeurs oblige — sans que les premiers n'aient pour l'instant entièrement suivi. A ce sujet, le management lui-même se dit surpris par l'inertie de ses clients : leurs dépôts n'ont diminué que de 4% par rapport à l'an passé à la même époque.

Par rapport à la période des taux au plancher, JPMorgan empoche donc $7 milliards de plus de marge d'intérêt nette par trimestre. A ce gain providentiel s'ajoute sur les trois derniers mois une nouvelle libération de provisions consenties durant la pandémie. Tout ceci compense largement le recul des activités de banque d'investissement.

On notera un volume de taux défaillants — $1.5 milliard ce trimestre — toujours très bas, quoiqu'en hausse de 6% par rapport au trimestre précédent. Les indices d'une récession ne sont pas encore manifestes, mais on attend cependant de voir quel impact aura le retournement de conjoncture dans l'immobilier sur les prochains trimestres. 

JPMorgan est la première banque américaine avec $2.4 trilliards de dépôts. C'est $500 à $600 milliards de plus que Bank of America, et presque deux fois davantage que Wells ou Citi. Elle est aussi la plus rentable après que Wells ait trébuché en 2017 à cause de ses pratiques commerciales douteuses.

A dix fois les profits et deux fois la valeur de ses capitaux propres tangibles, la valorisation de JPMorgan évolue dans sa moyenne à cinq ans. La banque dirigée par Jamie Dimon a toujours profité d'une prime par rapport à ses pairs : même en pleine déroute des subprimes — dont elle est sortie juste avant l'explosion de la bulle — elle s'échangeait à x0.8 ses capitaux propres tangibles.