(Actualisé avec discours de George Osborne et de Mervyn King)

par David Milliken et Matt Scuffham

LONDRES, 19 juin (Reuters) - La Grande-Bretagne est prête à céder rapidement ses parts dans Lloyds Banking tandis que l'Etat va réfléchir à un démantèlement de Royal Bank of Scotland, a déclaré mercredi le ministre des Finances, George Osborne, notant au passage qu'une retour au privé de RBS n'était pas pour demain.

Le gouvernement précédent, travailliste, a injecté 66 milliards de livres (77 milliards d'euros au cours actuel) d'argent public dans RBS et Lloyds Banking en 2008 pour leur éviter la faillite après la crise financière déclenchée par la chute de Lehman Brothers.

L'Etat détient depuis 81% du capital de RBS et 39% de celui de Lloyds Banking, des participations que le cabinet conservateur de David Cameron s'est engagé à vendre, sans toutefois préciser à quelle échéance il prévoyait d'enclencher ce processus.

Une sortie de l'Etat du capital de RBS et de Lloyds avant les élections prévues en mai 2015 pourrait profiter aux conservateurs en leur donnant un argument concret montrant qu'ils ont remis l'économie sur la bonne voie après la crise.

Le cas de Lloyds semble pour l'instant le plus facile à gérer, son cours de Bourse étant proche du niveau auquel l'Etat est assuré de récupérer les capitaux apportés à la banque.

Des sources financières et politiques ont dit à Reuters qu'une vente par étapes à des investisseurs financiers constituait l'option la plus probable et que l'Etat pourrait vendre 10% du capital dès cette année.

LE CAS DE RBS PLUS DÉLICAT

L'avenir de RBS est plus difficile à prévoir, a fortiori après le limogeage du directeur général du groupe, Stephen Hester, la semaine dernière.

David Cameron s'était déclaré le mois dernier "preneur d'idées" au sujet de RBS, dont l'action vaut toujours nettement moins que le prix d'équilibre calculé par le gouvernement. Or ce dernier souhaite éviter une privatisation à perte.

Ed Balls, porte-parole de l'opposition travailliste pour les questions financières, a estimé que la cession des parts de l'Etat dans RBS risquait de tourner à la vente au rabais motivée par des intérêts électoraux.

Une commission parlementaire chargée l'an dernier de définir de nouvelles règles de fonctionnement du marché britannique estime dans un rapport publié mercredi que le ministère des Finances doit sans tarder étudier les différentes options envisageables pour RBS. Certains de ses membres ont suggéré de cantonner dans une "bad bank", une structure de défaisance, les prêts à risque de RBS.

Jusqu'ici, George Osborne s'était opposé à une telle solution, estimant qu'elle serait à la fois trop coûteuse et qu'elle créerait trop de remous dans le système.

"Nous mettrons sur pied une "bad bank" si cela correpond à nos trois objectifs : le soutien à l'économie britannique, l'intérêt des contribuables et l'accélération du retour au privé", a-t-il dit.

De son côté, le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), Mervyn King, dont le mandat s'achève à la fin du mois, a estimé qu'il aurait été préférable de restructurer RBS dès 2008-2009 et de la vendre dans la foulée.

"Nous avons du chemin à parcourir avant de pouvoir dire que nous avons vraiment un système bancaire bien capitalisé", a-t-il dit à l'occasion de son dernier discours dans ses fonctions officielles avant son remplacement par Mark Carney à la tête de la BoE.

"Nous devons restaurer la confiance dans notre système bancaire (...) Ce sera le travail d'une génération."

Jeudi, la BoE détaillera la quantité de capital que les banques britanniques doivent lever, l'essentiel de ce montant devant être supporté par Lloyds, RBS et Barclays. (Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)