Le spécialiste de la mode dite “athleisure” aux inspirations yoga publiait hier des résultats annuels conformes à ses habitudes, avec une hausse des ventes et des profits de 30% — profits ajustés certes, mais une fois n'est pas coutume, de manière tout à fait légitime ici.

Le profil de marges est hors-du-commun, près de deux fois supérieur à celui de Nike ou Levis : Lululemon, qui fait fabriquer en Chine ou au Vietnam ses pantalons de yoga, ne rencontre toujours aucune difficulté pour les écouler à $120 en moyenne. 

Le pic d'inflation des derniers mois n'a qu'à peine effleuré la marge brute ; les ventes en ligne progressent à rythme vertigineux ; et là où la plupart des détaillants réduisent leurs empreintes physiques, Lululemon étend la sienne avec 32 ouvertures en 2022, pour un réseau total de 655 magasins désormais. 

Au niveau des grandes initiatives stratégiques, le bilan est mixte : l'internationalisation de ventes — en l'état 85% du chiffre d'affaires est réalisé en Amérique du Nord — progresse lentement, tandis que l'acquisition de Mirror — le "Peloton du yoga" — en 2020 tourne manifestement au fiasco.

Bon point en revanche pour la percée dans la mode masculine. Le management — emmené par Calvin McDonald, l'ancien directeur général de Sephora — entendait atteindre au moins $1.4 milliard de ventes sur ce segment : cet objectif est d'ores et déjà largement dépassé. 

Le parcours à dix ans reste très positif, avec un chiffre d'affaires qui croît à un rythme annualisé de 20%, et un profit par action à un rythme de 18%. L'expansion est entièrement autofinancée et le bilan libre de dettes. 

L'allocation du capital se partage équitablement entre investissements de développement et rachats d'actions. On apprécie le recours limité aux rémunérations en stock-options, source récurrente d'abus parmi les entreprises américaine en forte croissance ces dernières années.

Sur le cycle long, et hors distorsion causée par l'épisode de la pandémie, l'action Lululemon s'échange entre x30 et x40 les profits — multiples jusqu'alors amplement justifiés par la très bonne dynamique de croissance. 

Il s'agit maintenant pour la marque de percer à l'étranger, notamment en Europe, où elle aura fort à faire face à une concurrence très agressive, bien installée et beaucoup plus abordable.