par Philip Pullella

MARSEILLE, 23 septembre (Reuters) - Le pape François a condamné samedi les "nationalismes belliqueux" et appelé à une réponse pan-européenne sur les migrations pour éviter que la mer Méditerranée, où plusieurs milliers de migrants se sont noyés, devienne "le tombeau de la dignité".

Dans un long discours au palais du Pharo, à Marseille, en présence du président Emmanuel Macron, le pape a prononcé un plaidoyer en faveur de l'accueil des migrants.

"Il y a un cri de douleur qui résonne partout, qui transforme la Méditerranée, la 'mare nostrum', le berceau de la civilisation, en 'mare mortuum', le tombeau de la dignité", a-t-il déclaré, utilisant des mots latins signifiant "notre mer" et "mer morte". "C'est le cri étouffé des frères et soeurs migrants", a-t-il ajouté.

Selon le Haut commissariat aux Réfugiés des Nations unies, environ 178.500 migrants ont traversé cette année la Méditerranée pour se rendre en Europe. Quelque 2.500 personnes ont trouvé la mort ou sont portées disparues.

Le pape a également appelé à accepter "un grand nombre d'entrées légales et régulières" de migrants, surtout ceux qui fuient la guerre, la famine et la pauvreté, plutôt que de privilégier la "préservation de son propre bien-être".

Les gouvernements de plusieurs pays européens, comme l'Italie, la Hongrie et la Pologne, sont dirigés par de fervents opposants à l'immigration.

En France, le sujet est également sensible et le Rassemblement national a jugé par exemple vendredi que le pape sortait de son rôle en s'exprimant sur la crise migratoire car c'est, selon le parti d'extrême droite, un problème politique.

Le pape a commencé la journée de samedi dans la cité phocéenne en se rendant dans le quartier Saint-Mauront, l'un des plus pauvres de France, objet d'une profonde rénovation immobilière. Il sera samedi après-midi au stade vélodrome où 57.000 fidèles sont attendus pour une grande messe. (Gilles Guillaume pour la version française)