par Federico Maccioni et Cristiano Corvino

MILAN, 14 juin (Reuters) - L'ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi continue de diviser son pays, même après son décès, alors que la décision du gouvernement de lui accorder un jour de deuil national suscite une controverse.

Silvio Berlusconi est décédé lundi à l'âge de 86 ans et ses funérailles nationales, qui se dérouleront dans la cathédrale de Milan mercredi après-midi, devraient attirer plusieurs milliers de personnes, dont des dirigeants politiques et des dignitaires étrangers.

Certains hommes politiques italiens de l'opposition, dont l'ancien président du Conseil Giuseppe Conte, ont refusé d'assister à la cérémonie, et l'ancienne ministre de centre-gauche Maria Rosaria "Rosy" Bindia a qualifié les funérailles de "sanctification inappropriée".

D'anciens chefs du gouvernement italien ont déjà eu droit à des funérailles nationales, mais c'est la première fois qu'un jour de deuil national est décrété par l'exécutif.

L'Italie est dirigée par une coalition de droite composée du parti de la présidente du Conseil Giorgia Meloni, Frères d'Italie, de la Ligue de Matteo Salvini et du parti fondé par Silvio Berlusconi, Forza Italia.

Ce jour de deuil n'est pas un jour férié, mais plutôt un hommage symbolique au cours duquel les drapeaux sont mis en berne sur les bâtiments publics. Le Parlement européen a également décidé de rendre hommage à Silvio Berlusconi de cette manière.

Rosy Bindia, qui a souvent été la cible de commentaires sexistes de la part de Silvio Berlusconi, a déclaré que la journée nationale était "irrespectueuse envers la majorité" des Italiens qui s'opposaient à l'ancien dirigeant.

Silvio Berlusconi, figure controversée et clivante en Italie, était autant salué pour son sens des affaires et son esprit politique que décrié pour ses outrances à répétition et les multiples scandales financiers et sexuels qui ont écorné sa réputation.

DERNIER ADIEU

A Milan, des couronnes de fleurs ont été empilées contre la façade de la cathédrale de la ville avant les funérailles qui débuteront à 13H00 GMT, tandis que des écrans géants ont été installés pour suivre la cérémonie depuis la place du "Duomo".

Lucia Adiele, membre de Forza Italia, a parcouru un millier de kilomètres depuis son domicile d'Altamura, dans le sud de l'Italie, pour faire ses adieux à son homme politique préféré.

"J'ai eu la chance de faire partie de Forza Italia pendant 18 ans. J'ai également eu la chance de le rencontrer. Le moins que je puisse faire, c'est d'être ici et de lui dire au revoir pour la dernière fois", a-t-elle déclaré à Reuters TV.

Environ 2.300 personnes étaient attendues dans la cathédrale, dont Giorgia Meloni, le président de la République Sergio Mattarella et la cheffe du Parti démocrate (PD) de centre-gauche Elly Schlein.

Les activités parlementaires ont été suspendues mercredi pour permettre aux hommes politiques d'assister à l'office.

Le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani et le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani devraient aussi y assister.

Silvio Berlusconi a également été honoré par une pleine page de publicité dans les journaux de la part de sa famille et de sa société de médias MFE.

Ses cinq enfants ont publié le message suivant : "Papa le plus doux, merci pour ta vie, merci pour ton amour, tu vivras toujours en nous." (Reportage Federico Maccioni, Giulio Piovaccari, Cristiano Corvino et Angelo Amante ; version française Kate Entringer, édité par Jean-Stéphane Brosse)