San Francisco (awp/afp) - Les cinq géants du secteur technologique publient leurs résultats cette semaine, alors qu'ils sont engagés dans de profondes transformations pour accompagner la révolution de l'intelligence artificielle (IA) générative.

Microsoft et Alphabet ouvrent le bal mardi, tandis qu'Apple, Amazon et Meta sont attendus jeudi, tous après Bourse (21H00 GMT).

"Microsoft sera le plus important de tous", estiment les analystes de Wedbush Securities, principalement parce qu'ils considèrent la firme de Redmond (Etat du Washington) et le fabricant de semi-conducteurs Nvidia comme "les deux porte-drapeaux de la révolution IA".

Depuis le lancement début novembre 2022 de ChatGPT, l'interface d'IA générative d'OpenAI, le milieu est pris de fièvre et chaque présentation de résultats est l'occasion d'afficher ses progrès et ses ambitions dans l'intelligence artificielle.

Partenaire d'OpenAI, dont il contrôle près de la moitié du capital, Microsoft est, depuis, vu comme leader de la course à l'IA.

Après avoir scruté les investissements réalisés dans l'IA, le marché attend maintenant que l'effet se transpose aux revenus.

"S'il y a une société qui devrait être capable de monétiser (l'IA) plus rapidement que les autres, c'est Microsoft", avance Angelo Zino de CFRA, qui mentionne, en particulier, les applications dédiées aux entreprises, notamment la fonctionnalité Copilot, automatisant déjà de nombreuses tâches sous Windows.

Wedbush Securities attend de Microsoft des commentaires sur la trajectoire commerciale des produits IA dans les 12 à 18 mois, les analystes voyant surtout l'exercice 2025 comme le vrai tournant pour la firme aux quatre couleurs.

Pour Angelo Zino, l'appétit pour l'IA permet aux mastodontes technologiques d'échapper, en l'état, aux craintes liées à un ralentissement de l'économie américaine et mondiale.

L'émergence de l'IA générative démultiplie les besoins des sociétés dans l'informatique à distance (cloud computing), n'ayant que très rarement la capacité de traitement des données et de stockage qu'offrent les grands prestataires.

"On va regarder la trajectoire du cloud" pour Microsoft, Amazon et Alphabet qui représentent, à eux trois, environ les deux tiers du marché, annonce Angelo Zino, qui compte surveiller en particulier le dernier car il a "connu la plus forte décélération entre deuxième et troisième trimestres".

Apple au microscope

Les investisseurs prendront aussi des nouvelles du marché de la publicité en ligne, dont Alphabet, Meta, Amazon et Microsoft se sont octroyés environ les deux tiers aux Etats-Unis en 2023.

Angelo Zino souligne qu'ils devraient bénéficier d'un effet de comparaison favorable, le dernier trimestre 2022 --de même que le premier de 2023-- ayant été marqué par un net ralentissement.

Mais l'analyste s'attend à une "légère décélération" durant les trois derniers mois de l'année par rapport au troisième trimestre.

Selon lui, plusieurs ogres de la publicité numérique ont "atteint un plafond, en termes de croissance", même "si les taux resteront bons" à l'avenir.

Avec son modèle très différent de ses quatre rivaux, Apple apparaît toujours comme un animal à part.

Le groupe de Cupertino (Californie) sera particulièrement observé, cette saison, car de nombreux observateurs s'inquiètent d'un essoufflement de la croissance d'Apple. Une impression renforcée par la baisse de 2% des livraisons d'iPhone à la Chine au quatrième trimestre sur un an.

"Le marché s'attend à des revenus stables", dans un contexte marqué par "un marché des appareils électroniques plus difficile", indique Sophie Lund-Yates, d'Hargreaves Lansdown, pour laquelle Apple reste, en outre, pénalisé par l'absence d'annonces majeures dans l'IA.

Apple est pourtant, à ce jour, le seul des cinq géants à ne pas avoir annoncé de licenciements massifs ces 18 derniers mois.

Le directeur général de Google, Sundar Pichai, a indiqué la semaine dernière que son groupe allait procéder à de nouvelles suppressions de postes, mais "pas de même ampleur" qu'en 2023 (12.000 emplois), tandis que Microsoft va se séparer de 1.900 salariés dédiés aux consoles et aux logiciels de jeux vidéo.

Mais pour Dan Ives, de Wedbush, "la majorité des licenciements d'importance sont derrière nous". Selon l'analyste, avec ces plans sociaux, la nouvelle économie a envoyé "un message de prudence aux investisseurs", qui l'ont bien accueilli.

John Blevins, professeur à l'université de Cornell, prévient néanmoins que les effectifs des "Big Tech" font déjà marginalement les frais de la rationalisation consécutive à la généralisation de l'IA générative.

"L'utilisation de l'IA va toucher toutes les industries", prévient-il. "Le secteur technologique avance simplement plus vite que les autres."

afp/rp