Ils ont également vu les entreprises internet transformer la façon dont les humains travaillent, font leurs achats et se détendent. Aujourd'hui, les investisseurs doivent se positionner pour les 10 prochaines années de la révolution technologique. Pourrait-on assister à une répétition des années folles, comme on appelait les années 1920 - des années de prospérité, d'innovation technologique et de développements sociaux tels que l'obtention du droit de vote par les femmes ?

C'est possible. Mais comme dans toute euphorie, le malaise n'est jamais loin. Le cycle économique actuel est déjà le plus long de l'histoire des États-Unis et une récession semble inévitable au cours de la nouvelle décennie, qui marquera aussi le centenaire du krach de Wall Street en 1929.

La croissance économique des États-Unis 

Les solutions seront peut-être être non-conventionnelles, peut-être même au-delà des politiques extraordinaires de taux d'intérêt négatifs et d'achat d'obligations qui ont atténué le fléau mondial de l'après-2008. Avec ces politiques déjà au plafond, "dans les années 2020, il semble inévitable que l'hélicoptère monétaire reste d'actualité", prédit la Deutsche Bank. L'hélicoptère monétaire est une expression empruntée à Milton Friedman pour décrire un système dans lequel la banque centrale arrose directement la population avec des liquidités. Une stratégie que même les dirigeants les moins orthodoxes ont rejetée ces dernières années.

Une autre option radicale en discussion est la théorie monétaire moderne, selon laquelle les gouvernements créent et dépensent autant d'argent que nécessaire, tant que l'inflation reste faible. "Les banques centrales ont effectivement invité les gouvernements à expérimenter des politiques non conventionnelles", indique la banque allemande. Toutefois, ces politiques risquent d'aggraver encore la dette mondiale, qui atteint déjà des niveaux records.

Hausse du ratio de la dette américaine au PIB

Alors, que feront les marchés ?

Une décennie de taux d'intérêt très bas n'a pas relancé la croissance et l'inflation dans les pays développés, mais elle a certainement gonflé les marchés, comme le montrent les prix des obligations, des actions et de l'immobilier. Les inégalités qu'ils ont engendrées ont également déclenché une réaction brutale contre la mondialisation. Il en résulte une dé-mondialisation du monde, ou comme le dit Morgan Stanley, une "slow-balisation".

La banque d'affaires américaine pense toujours que l'investissement dans la technologie va surperformer le marché, en particulier les jeunes pousses internet chinoises, car le protectionnisme nuit aux grands rivaux. Mais elle prévoit des rendements moins intéressants - "une frontière plus basse et plus plate par rapport aux décennies précédentes, et surtout par rapport aux dix années qui ont suivi la crise financière mondiale".

Réchauffement climatique et vieillissement de la population

Alors que le marché se refroidit, la planète continuera de se réchauffer. Les émissions de carbone, les températures, le niveau des mers et donc la pauvreté et l'immigration induites par le climat devraient augmenter. Cela devrait conduire de plus en plus les gestionnaires d'actifs à rechercher des alternatives aux polluants, en particulier le charbon, dont l'utilisation doit cesser dans les pays de l'OCDE d'ici 2030 pour que l'Accord de Paris soit respecté.

BofA s'attend à ce que les entreprises d'énergie propre et de véhicules électriques sortent gagnantes, estimant que le marché de l'énergie propre représente déjà 300 Mds$.

Le vieillissement de la population constitue un autre défi, faisant de la démographie un critère d'investissement clé. La Deutsche Bank cite l'Irlande, le Rwanda, le Ghana, le Botswana et le Laos parmi les 22 pays qui devraient bénéficier d'un "dividende démographique" grâce à l'augmentation de la population en âge de travailler. Elle prône aussi des secteurs comme le commerce électronique, car la génération Z, celle qui aura entre 20 et 30 ans en 2030, dispose d'un pouvoir d'achat croissant.

Quand la main d'oeuvre chinoise vieillit

Mais dans certains pays, les consommateurs âgés auront toujours du poids. D'ici 2030, les plus de 80 ans représenteront 5,4% de la population américaine, contre 3,7% en 2015, ce qui stimulera la demande de maisons de retraite, de soins de santé et d'innovations de longue durée. "L'immortalité pourrait s'avérer le thème séculaire le plus intéressant dans les années 2020", prédit BofA. On en frémit d'avance (mais on peut en bénéficier en suivant quelques pistes simples).

Points de bascule technologique

Une enquête du Forum économique mondial en 2017 a prédit une série de "points de basculement technologiques" pour la prochaine décennie. Il s'agissait notamment des voitures imprimées en 3D, des véhicules sans conducteur et de la première machine à intelligence artificielle au sein d'une entreprise.

Les expéditions de robots battant un nouveau record

Les années 20 pourraient être l'ère des villes intelligentes, où le big data et la robotique assurent une meilleure gouvernance, une meilleure santé et une meilleure connectivité, prophétise UBS. Le bureau d'études prévoit que les dépenses annuelles pour rendre les villes intelligentes atteindront 2 000 Mds$ en 2025 et que les appareils connectés à Internet seront multipliés par plus de quatre pour atteindre 46 milliards.

Pour tirer parti de ces changements, les investisseurs se concentreront sur des domaines tels que les véhicules autonomes - les expéditions de chariots élévateurs automatisés passeront de 4 000 l'an prochain à 455 000 en 2030, selon les calculs d'ABI Research. La robotique est un thème d'avenir

Enfin, les progrès de la technologie des fusées et des satellites ouvrent aux investissements l'accès à la dernière frontière. Le premier fonds négocié en bourse dédié à l'industrie spatiale a ouvert en 2019. UBS voit "des parallèles avec la façon dont l'Internet mondial ... a ouvert de vastes opportunités au début du siècle." Et de prédire que l'économie spatiale atteindra 1 000 Mds$ sur les deux prochaines décennies, contre 340 Mds$ aujourd'hui. UBS recommande les entreprises cotées en bourse dans les domaines de l'aérospatiale, des satellites et des communications, ainsi que les nouvelles entreprises spatiales sur les marchés privés.