16 février (Reuters) - Les marchés boursiers en Europe, aux Etats-Unis et au Japon évoluent à des niveaux records, portés notamment par l'engouement autour de l'intelligence artificielle, le reflux des craintes d'une récession mondiale et l'espoir d'une baisse rapide des taux directeurs.

Rien ne semble pouvoir perturber cette ascension alors que le 24 février prochain marquera le deuxième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a ramené la guerre sur le Vieux continent pour la première fois depuis des décennies.

La Chine, dont les marchés financiers sont fermés depuis une semaine en raison des vacances du Nouvel An lunaire, sera par ailleurs à surveiller avec la reprise des cotations le 19 février dans un contexte d'incertitude économique.

Tour d'horizon des perspectives des marchés dans les prochains jours:

Le 24 février marquera le deuxième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Si les marchés ont depuis longtemps surmonté le choc initial de l'"opération spéciale" de Moscou, cet anniversaire est un rappel malvenu du bilan actuel de la guerre.

Outre la tragédie humaine qu'elle provoque, le coût de la reconstruction est estimé à près de 500 milliards de dollars, soit 2,8 fois la production économique annuelle de l'Ukraine. Les pays occidentaux ont déjà fourni à l'Ukraine 100 milliards de dollars - 60 milliards de dollars d'aide militaire et 40 milliards de dollars d'aide budgétaire - depuis l'invasion du pays.

Mais aux Etats-Unis, le camp républicain, principalement son probable candidat à l'élection présidentielle de novembre, Donald Trump, plaide désormais pour un plan alternatif d'aide à l'Ukraine, critiquant l'actuel projet du président sortant Joe Biden.

Des dirigeants européens, de leur côté, se disent favorables à l'idée de confisquer 300 à 350 milliards de dollars d'actifs financiers russes gelés pour contribuer au soutien à l'Ukraine.

2/ LE RISQUE DE RÉCESSION NE FAIT PLUS PEUR

Les craintes d'une récession mondiale se sont dissipées avec la résistance de l'économie américaine qui affiche un marché du travail toujours solide malgré les hausses massives des taux de la Réserve fédérale américaine depuis mars 2022.

La Chine reste cependant en plein marasme, avec son secteur de l'immobilier qui continue d'inquiéter, tandis que l'Allemagne, qualifiée par certains d'homme malade de l'Europe, doit tenir son rang de première puissance économique du Vieux continent. Le moral des entreprises allemandes, mesuré par l'indice Ifo, s'est amélioré en janvier.

Les indicateurs PMI préliminaires en Europe pour le mois de février, prévus jeudi, éclaireront davantage la situation de l'activité dans le bloc. L'indicateur de janvier, bien que toujours en territoire négatif, montre que l'indice a atteint le mois dernier son plus haut niveau depuis six mois et que la région a évité une récession à la fin de l'année dernière.

Les marchés émergents en dehors de la Chine, notamment l'Inde et le Moyen-Orient, sont solides et l'indice PMI aux Etats-Unis devrait probablement rester en territoire d'expansion après avoir atteint un sommet de six mois en janvier.

Une enquête de Bank of America publiée mardi montre que les investisseurs ont réduit leurs liquidités et accru leurs allocations en actions, car ils ne s'attendent plus à une récession économique, ce qui est une première depuis avril 2022.

3/ LE PLAN DE RELANCE CHINOIS

Alors que les échanges reprendront sur les marchés chinois lundi après une pause d'une semaine liée aux festivités du Nouvel An lunaire, les investisseurs attendent avec impatience les mesures qui seront prises par Pékin pour soutenir son marché boursier à la peine.

Les autorités chinoises ont récemment adopté une série de mesures pour enrayer les pertes subies par les actions cotées en Chine continentale, qui sont tombées à un creux de cinq ans.

Elles ont notamment nommé un nouveau responsable de l'autorité de régulation des marchés du pays, surnommé le "boucher des courtiers" en raison de sa position stricte en matière de limitation des risques.

Les prochains jours seront également marqués par une décision de la Banque populaire de Chine sur ses taux de prêt de référence, même si la persistance d'éléments défavorables sur le yuan pourrait limiter la portée d'un éventuel assouplissement monétaire.

La statistique des prix de l'immobilier, dont la publication est prévue vendredi, permettra de jauger le ralentissement du secteur.

4/ LA FRÉNÉSIE SUR L'IA

Nvidia, l'un des "Magnificent Seven" ("Sept Magnifiques": Apple, Microsoft, Meta, Alphabet, Amazon, Tesla), publiera ses résultats trimestriels le 21 février. Le fabricant américain de semi-conducteurs, dont le cours de l'action a triplé en 2023 et qui a ravi à Alphabet le 14 février le titre de troisième capitalisation à Wall Street, est le symbole de la frénésie autour de l'intelligence artificielle (IA) générative.

Alors que l'action Nvidia gagne environ 50% depuis le début de l'année, une telle valorisation place la barre très haute en termes de résultats escomptés. Une éventuelle déception pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble du marché, au regard du poids croissant de Nvidia dans les principaux indices et de son importance pour les perspectives financières de l'IA.

5/ HORIZON INCERTAIN POUR LES BANQUES BRITANNIQUES

Les principales banques britanniques s'apprêtent à publier leurs comptes financiers pour 2023 qui devraient se traduire par leur meilleure année jamais enregistrée.

HSBC, Barclays, NatWest, Standard Chartered et Lloyds devraient annoncer des bénéfices combinés avant impôts de 51,6 milliards de livres (60,31 milliards d'euros), supérieurs au record de 2007, qui était alors de 35,8 milliards, selon les calculs de la société de courtage AJ Bell.

Il est cependant peu probable que les investisseurs saluent ces résultats. Les marchés ont tendance à se concentrer sur l'avenir et ils estiment que l'horizon pour les banques britanniques est incertain dans un contexte de bataille probable sur les prêts immobiliers à venir et de remboursement des aides accordées par la Banque d'Angleterre (BoE) à la suite de la pandémie de COVID-19.

En outre, le stress des emprunteurs s'accroît et les faillites ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 1993.

(Rédigé par Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York, Marc Jones, Dhara Ranasinghe et Naomi Rovnick à Londres; compilé par Amanda Cooper; graphiques de Vineet Sachdev, Prinz Magtulis, Kripa Jayaram, Sumanta Sen et Riddhima Talwani; version française Claude Chendjou, édité par Zhifan Liu)