Berne (awp/ats) - La librairie Payot est de retour à Berne après 25 ans d'absence. Elle s'installe au centre-ville et compte bien rappeler à la ville fédérale qu'elle est aussi francophone, et francophile.

Payot, le plus grand libraire de Suisse romande, avait quitté Berne en 1997 après plus de 70 ans (1921). "Dans les années 90, rénover toutes les librairies de Suisse romande était la priorité", a déclaré à Keystone-ATS Pascal Vandenberghe, le directeur de Payot, qui n'était alors pas dans l'entreprise.

Vingt-cinq ans plus tard, une présence dans la ville fédérale lui semble avoir du sens pour son entreprise, qui possède 14 magasins dans toute la Suisse romande. La communauté francophone y est importante: on peut citer les politiciens, le personnel de la Confédération, celui des ambassades, sans oublier les organisations ou associations d'importance nationale, qui ont leur siège à Berne.

De plus, le secteur jeunesse devrait bien fonctionner: "les francophones qui vivent à Berne font lire leurs enfants en français", affirme le patron de Payot. Certains étudiants de cette ville universitaire pourraient aussi s'intéresser à cette nouvelle offre.

Au troisième étage de la librairie Stauffacher

La librairie Payot ouvre le 21 octobre dans un espace de 230 m2 au troisième étage de la librairie Stauffacher, qui appartient à Orell Füssli. Ce n'est pas la première fois que Payot collabore avec ce groupe alémanique.

Orell Füssli abritait déjà un magasin du libraire romand à Zurich jusqu'en 2009. Plus récemment en 2020, Payot a ouvert une nouvelle succursale à Sierre (VS) en reprenant les locaux et le personnel au groupe zurichois Orell Füssli/Thalia.

Pascal Vandenberghe n'a pas pour objectif de faire revenir Payot à Zurich. "En plus d'être la ville fédérale, Berne est bilingue. A Zurich, il n'y aurait pas le potentiel de faire ce que nous faisons à Berne".

L'enseigne n'a pas d'autres projets d'extension pour l'heure. "Mais si des librairies indépendantes veulent céder leurs activités dans des villes moyennes comme Martigny (VS), Delémont ou Bulle (FR), on regardera le dossier."

Le marché du livre souffre aussi

Cette ouverture à Berne intervient alors que le marché du livre se porte moins bien depuis fin février: "on est comme les autres secteurs du commerce. Ce n'est pas le livre qui est délaissé".

Dès son ouverture à Berne, la nouvelle librairie organise des rencontres avec des auteurs. Les francophiles pourront y voir à partir du 29 octobre et jusqu'à la fin de l'année le dessinateur de presse Barrigue et le dessinateur de la BD Petzi Thierry Capezzone.

Plusieurs auteurs vont faire le déplacement à Berne, comme la Lausannoise Anne-Sophie Subilia, dont le dernier roman "L'épouse" (Zoé) a fait partie de la première sélection pour le Médicis et le Femina. Et l'enseigne d'origine lausannoise va encore accueillir, coorganisé avec l'Alliance française, l'écrivain algérien Yasmina Khadra, le franco-congolais Alain Mabanckou et le français David Foenkinos.

Depuis la fermeture de la "Nouvelle librairie française de Berne" en 2005, les quelque milliers de francophones habitant la ville ont dû se contenter des petites sections françaises des grands libraires bernois. Installée au Waaghauspassage, non loin du Palais fédéral, cette enseigne avait été ouverte en automne 1997, justement après le départ de Berne de Payot.

ats/ck