Washington (awp/afp) - Le vaccin développé par l'alliance Pfizer/Biontech est sûr et efficace à 95% pour prévenir le Covid-19, selon des résultats complets de leur essai clinique, un niveau similaire à celui de Moderna et qui augmente les chances qu'au moins un pourra commencer à être injecté dans les bras des Américains avant la fin de l'année.

L'accélération de l'épidémie aux Etats-Unis ces dernières semaines a donné un coup d'accélérateur aux essais cliniques des deux sociétés, prouvant mécaniquement l'efficacité de leurs vaccins, tout en rassurant sur leur innocuité.

Les deux sociétés rivalisent de communiqués depuis dix jours et devraient en tout état de cause détenir les deux premiers vaccins autorisés aux Etats-Unis, et sans doute dans le monde occidental. D'autres sont développés par la Chine et la Russie.

Pfizer, géant américain, et Biontech, petite société de biotechnologie allemande, avaient annoncé le 9 novembre que leur vaccin avait démontré "plus de 90%" d'efficacité, selon des résultats préliminaires portant sur 94 cas de Covid-19 parmi les participants de leur essai mené dans plusieurs pays.

Mercredi, le total avait bondi à 170 cas: 162 dans le groupe placebo, et seulement 8 dans le groupe vacciné, soit une efficacité calculée de 95%.

"Phénoménal", a tweeté Eric Topol, expert américain des essais cliniques.

Ces cas ont été comptés dans les sept jours suivant la seconde dose du vaccin, qui se prend en deux doses espacées de trois semaines. Au total, plus de 43.000 personnes se sont portées volontaires pour cet essai, commencé fin juillet, et qui est censé se poursuivre.

Autre statistique rassurante: neuf cas sévères de Covid-19 ont été observés dans le groupe placebo, contre un seul dans le groupe vacciné.

Pfizer demandera une autorisation de commercialisation "d'ici quelques jours" à l'Agence américaine des médicaments (FDA).

Cette dernière pourrait ensuite donner son feu vert à la mise sur le marché dès le mois de décembre, a indiqué lundi un haut responsable de l'opération gouvernementale pour les vaccins, Moncef Slaoui.

"Bien toléré"

Le vaccin Pfizer/Biontech serait efficace uniformément selon le sexe, l'âge et l'ethnicité, avec une efficacité de "plus de 94%" pour les personnes de plus de 65 ans.

Cette efficacité, si elle était confirmée dans la population, placerait le vaccin parmi les plus efficaces au monde, comparable à celui de la rougeole, et bien meilleur que le vaccin contre la grippe, qui récemment n'était efficace qu'entre 19 et 60%.

Les seuls effets secondaires importants observés chez plus de 2% des participants ont été la fatigue (3,8%) et des maux de tête (2%), ce qui fait dire aux fabricants que le vaccin est "bien toléré".

Pfizer attendait d'avoir deux mois de suivi pour au moins la moitié des participants avant de demander une autorisation à la FDA, une étape dont le groupe savait qu'elle serait franchie cette semaine.

"L'essai marque une étape importante dans la quête historique de huit mois pour développer un vaccin capable de mettre fin à cette pandémie dévastatrice", a déclaré le PDG de Pfizer, Albert Bourla.

Pour Ugur Sahin, le cofondateur de Biontech, qui a développé la technologie nouvelle sur laquelle le vaccin est fondé, l'ARN messager, "cette réussite illustre le potentiel de l'ARN messager en tant que nouvelle catégorie de médicaments".

Moderna, société américaine, a annoncé lundi des résultats similaires (94,5% d'efficacité), avec un vaccin également fondé sur l'ARN messager. Dans les deux cas, les vaccins ont semblé particulièrement efficaces pour prévenir les formes graves du Covid-19, la maladie causée par le nouveau coronavirus.

Mais la FDA devra évaluer en détails les données sur l'efficacité et la sécurité des deux vaccins, qui n'ont pas été rendues publiques par les fabricants. Le régulateur s'est engagé à le faire le plus publiquement possible.

Le régulateur europén y examine de son côté les données en continu.

Les Etats-Unis, l'Europe, le Canada, le Japon et d'autres pays riches ont déjà réservé des centaines de millions de doses d'un ou des deux vaccins. Mais mercredi, Moderna n'avait pas encore signé avec Bruxelles.

Une différence logistique existe entre les deux vaccins: celui de Pfizer est plus compliqué à distribuer car il doit être transporté à -70°C, contre -20°C pour Moderna.

afp/jh