par Barbara Lewis et Alex Lawler

Selon l'agence de presse algérienne APS, un projet de déclaration finale plaide en faveur d'une transparence accrue sur les marchés financiers, de partage d'informations plus important en ce qui concerne les données fondamentales du secteur et les initiatives des fonds d'investissements.

Il préconise en outre la mise en oeuvre "des mesures nécessaires pour assurer la stabilité et la pérennité du système de l'énergie et l'augmentation des capacités de raffinage", poursuit APS, dont le pays occupe la présidence de l'Opep.

Davantage d'informations doivent être collectées au sujet des spéculateurs et des "jugements infondés concernant le prix réel du baril de pétrole et l'avenir du marché du brut", soulignent ses auteurs.

A la veille de la réunion, les Etats-Unis ont une nouvelle fois appelé les producteurs à relever leur production afin d'atténuer les effets sur les économies des grands consommateurs de la flambée des cours, qui ont récemment frôlé les 140 dollars le baril.

"Tout ce qui pourra faire augmenter l'offre est bienvenu", a dit le secrétaire américain à l'Energie, Sam Bodman, qui représentera les Etats-Unis à Djeddah.

"En l'absence d'augmentation de l'offre de brut, pour chaque hausse de 1% de la demande, nous pouvons nous attendre à une hausse des cours de 20%", a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, a déjà annoncé qu'elle porterait sa production à 9,7 millions de barils par jour en juillet, soit 200.000 b/j supplémentaires.

Cette décision est exclusivement économique, a précisé samedi le prince Abdulaziz ibn Salman, vice-ministre saoudien du Pétrole, sur la chaîne Al Arabiya.

L'ARABIE VERS LES 12,5 MILLIONS DE BARILS

"Le royaume fournit le pétrole en fonction des besoins des consommateurs (...) C'est une décision commerciale, pas politique, (...) indépendante de ce qui sera discuté à la réunion (de Djeddah)", a-t-il affirmé.

Aucun autre membre de l'Opep n'a suivi la même voie dans l'immédiat, mais un haut responsable de l'organisation dans le Golfe a déclaré samedi à Reuters que l'augmentation de la production ferait l'objet de discussions à Djeddah.

"Les politiques à court terme qui seront examinées incluent la proposition que les pays de l'Opep disposant de capacités de réserves augmentent leur production, comme l'a annoncé l'Arabie saoudite pour juillet", a-t-il expliqué.

Au moins deux autres membres de l'Opep - les Emirats arabes unis et le Koweït - ont la possibilité d'augmenter leur production grâce à leurs réserves.

Selon cette même source, certains membres de l'Opep - qui représente, au total, un tiers des exportations de pétrole mondiales - pourraient s'engager dimanche à augmenter leur production à long terme, comme le réclament, entre autres, les Etats-Unis.

"La hausse de la production à court terme est bienvenue et nécessaire, mais il est fondamental que des investissements soient réalisés pour accroître les capacités de production à long terme", a plaidé Bodman.

L'Arabie saoudite constitue depuis de longues années des réserves de 1,5 à 2 millions de barils afin de parer à une urgence éventuelle.

Elle est en passe de conclure un programme à long terme qui porterait sa production quotidienne à 12,5 millions de barils d'ici à la fin de l'an prochain.

Les membres de l'Opep expliquent souvent la flambée des cours par la spéculation sur les marchés, alors que les consommateurs déplorent un décalage entre production et demande.

Le plus haut responsable du secteur pétrolier libyen, Shokri Ghanem, a dit à Reuters qu'il y avait "un surplus" de pétrole sur le marché. "Nous croyons que les prix sont élevés, mais ce n'est pas à cause de l'offre et de la demande", a-t-il ajouté, affirmant qu'il n'attendait rien de la réunion de dimanche.

Les autorités saoudiennes ont convoqué producteurs, consommateurs, organisations internationales et compagnies pétrolières à la réunion de Djeddah, durant laquelle doivent être évoquées des solutions pour enrayer la flambée des cours.

Outre les questions d'offre et de demande, les parties prenantes tenteront de déterminer si la spéculation financière est responsable de la flambée des cours, qui ont plus que doublé en un an, et ce qui peut être fait pour l'enrayer.

"Les gouvernements ont un rôle à jouer dans l'organisation et la structuration des marchés, afin d'empêcher les spéculateurs de se comporter de la manière qui a conduit les prix à leurs niveaux actuels", a estimé samedi le vice-ministre saoudien du pétrole.

Summer Said, version française Grégory Blachier