Zurich (awp) - Le rebond économique au niveau mondial et en Suisse est solide, mais les risques liés à la quatrième vague de la pandémie de coronavirus ne doivent pas être sous-estimés, a averti Andréa Maechler, membre de la direction générale de la Banque nationale Suisse (BNS). Alors que les prix accélèrent aux Etats-Unis et dans la zone euro, l'inflation ne représente pour l'instant pas un danger dans la Confédération.

"La reprise de l'économie internationale est (...) relativement forte et, du coup, celle de l'économie suisse aussi. De manière réjouissante, cette reprise a une large assise", a détaillé Mme Maechler dans un entretien au quotidien Le Temps paru vendredi sur son site internet.

Mais alors que le nombre de contaminations au Covid-19 reprend de l'ampleur, la responsable de l'institut d'émission a lancé un avertissement. "Une vague suffisamment forte pour exiger de nouvelles mesures d'endiguement freinerait l'économie mondiale, donc aussi la nôtre. (...) Plus cette situation de pandémie dure, plus elle peut avoir un effet sur la confiance des consommateurs, des entreprises et donc sur l'investissement. Mais ce n'est pas le scénario de base" de la BNS.

La banque centrale suisse table en effet pour cette année sur une croissance "d'environ" 3,5% du produit intérieur helvétique (PIB), rejoignant à peu près les anticipations des autres grands instituts.

Quant aux risques d'inflation, "c'est un signe très tangible que l'économie est sur la bonne voie", a ajouté Mme Maechler. A actuellement 0,9%, elle se situe "dans notre fourchette de la définition de la stabilité des prix. Le risque d'une flambée d'inflation dans notre pays est extrêmement faible."

Dans ce contexte, "garder une politique monétaire expansionniste est important". La BNS a introduit des taux directeurs négatifs début 2015 et conserve depuis une politique monétaire ultra-accommodante. Le taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs se trouvent en effet à -0,75%.

Thomas Jordan "en bonne voie de guérison"

Pour la responsable, le franc, particulièrement recherché en période de crise, "s'inscrit toujours à un niveau élevé mais moins qu'il ne l'a été pendant des moments de crise comme en 2011 ou 2015".

Dans l'entretien au quotidien romand, Andréa Maechler se dit préoccupée par l'environnement global de taux bas. "C'est le reflet d'une croissance faible de la productivité. Il faudrait une forte croissance et une hausse importante de la productivité pour en sortir. Et pour cela, des ajustements de politique structurelle seraient nécessaires. Car les banques centrales peuvent faire beaucoup, et elles font beaucoup, mais elles ne peuvent pas tout faire".

Revenant sur l'intervention chirurgicale qu'a subi le président de la BNS Thomas Jordan, Mme Maechler s'est voulue rassurante. M. Jordan "va bien et il est en bonne voie de guérison", a-t-elle indiqué.

La prochaine annonce de politique monétaire, prévue le 23 septembre, pourrait cependant se faire sans le patron de l'institut d'émission. "Nous allons (...) procéder à une évaluation de la situation économique et monétaire dans moins de trois semaines et nous ne savons pas encore si Thomas Jordan sera présent", a dit Mme Maechler.

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