Paris (awp/afp) - La direction du groupe d'électroménager SEB a défendu pied à pied sa stratégie concernant l'utilisation des PFAS, ou "polluants éternels", dans ses produits et a voulu rassurer ses actionnaires réunis jeudi en assemblée générale à Paris.

Plus d'un mois et demi après avoir obtenu l'exemption des casseroles et poêles d'une loi d'interdiction des PFAS, pendant près d'une demi-heure, le président du groupe Thierry de la Tour d'Artaise, épaulé par la directrice de la communication, a martelé à plusieurs reprises: "Notre priorité a toujours été évidemment et est toujours la santé de nos collaborateurs et de nos consommateurs."

La défense était d'autant plus véhémente et appuyée que des attaques sont venues ces derniers jours de l'intérieur même du groupe, en l'occurrence de Federactive, un courant d'actionnaires familiaux qui pèse environ 7% du capital et 9% des droits de vote, mais qui est "indépendant" du concert familial représentant la plus large part des actionnaires descendants des fondateurs de la Société d'emboutissage de Bourgogne (SEB).

"La direction de SEB a eu tort d'opposer le risque de suppression d'emplois au projet de loi", avait ainsi estimé Federactive, craignant que l'évolution des connaissances scientifiques ne fasse évoluer à terme l'appréciation quant à l'innocuité des PFAS utilisés par le groupe.

"Il faut arrêter de raconter n'importe quoi, certains ont dit des choses fausses, et ce n'est pas bien", a réagi à ce propos M. de la Tour d'Artaise, estimant que le PTFE (polytétrafluoroéthène), utilisé par le groupe pour le revêtement antiadhésif de 90% de ses poêles, "ça ne peut changer".

"C'est une structure moléculaire, c'est de la physique, on ne peut pas dire que demain, on va trouver autre chose", a-t-il ajouté.

Les experts interrogés par l'AFP conviennent qu'au stade actuel des connaissances, un usage selon les "conditions prévues" par les fabricants ne présente pas de risque important pour la santé, mais ils jugent ce critère réducteur, car en conditions réelles, beaucoup de consommateurs ne suivent pas ces conditions d'utilisation.

SEB, qui affirme que les PFAS utilisés notamment dans la fabrication des célèbres poêles Tefal ne présentent pas de danger pour la santé, avait évoqué "une menace très directe" que ferait peser une interdiction vis-à-vis des 3.000 emplois des usines de Rumilly (Haute-Savoie) et Tournus (Haute-Saône).

afp/rp