On renverra les lecteurs férus d'analyse financière à notre article sur Park Lawn, ainsi qu'à la petite digression technique qui suivit sous le titre de Croissance Externe vs. Création de Valeur.

Avec un chiffre d'affaires dix fois supérieur à celui de Park Lawn, Service Corporation possède 15% de parts de marché en Amérique du Nord. Les autres "consolidateurs" restent loin derrière, avec 5% des parts de marché, tandis que les 80% restants sont entre les mains d'indépendants.

Les opportunités de consolidation sont donc colossales. Cependant, à beaucoup d'égards Service Corp est l'antithèse de Park Lawn : sa croissance est plus modeste car le groupe retourne l'intégralité de ses profits aux actionnaires via des dividendes et des rachats d'actions — là où Park Lawn, au contraire, multiple les augmentations de capital. 

Service Corp a ainsi réduit son nombre d'actions en circulation de moitié en vingt ans, et sans cesse augmenté ses distributions de dividendes. La formule semble bien fonctionner, puisque sur dix ans les actionnaires ont bénéficié d'une rentabilité de leur investissement largement supérieure à celle du SP500.

Sur la période 2012-2022, le chiffre d'affaires passe de $2.4 à $3.8 milliards, avec une marge opérationnelle qui progresse de 17% à 22%. Le groupe réalise au total $4 milliards de profits sur la période. En sus, il retourne $4.5 milliards à ses actionnaires et réalise $1 milliard en acquisitions ; logiquement, la dette augmente d'exactement $1.5 milliard. 

Le profit par action triple entre le début de la décennie et son terme, de grosso modo $1 à $3 par action. La création de valeur est ici manifeste, autant de manière organique — par l'expansion de marges — que via le milliard investi dans la croissance externe. 

Ces éléments sont forts encourageants, mais ils ne peuvent faire perdre de vue les risques. En premier chef, une régulation des tarifs pratiqués — telles que celles qui ont précipité les opérateurs britanniques Dignity PLC et australiens Invocare en état de quasi-banqueroute — et une diminution marquée des courbes de mortalité après l'épisode du Covid.

Durant la pandémie, par exemple, les marges brutes sur les deux segments d'activité de Service Corp ont progressé de près de 30%. Cette tendance apparaît difficilement soutenable, a fortiori dans un contexte de pression sur les budgets des ménages.