ERLANGEN (dpa-AFX) - Les coûts liés à la restructuration des activités de diagnostic et à la réorganisation de l'activité robotique ont pesé sur le groupe de technologie médicale Siemens Healthineers au deuxième trimestre. Au final, la filiale de Siemens a gagné beaucoup moins qu'il y a un an. Sur le plan opérationnel, le bilan est mitigé : Alors que l'imagerie, le spécialiste du cancer Varian et la médecine de précision ont progressé, l'évolution dans le diagnostic est restée modérée après la disparition des activités liées à Corona. Les prévisions ont été confirmées dans l'ensemble, mais la direction, sous la houlette du président du groupe Bernd Montag, s'attend à un vent contraire plus important en raison du renforcement de l'euro. De plus, la division Diagnostics devrait également être moins performante que prévu.

L'action a été sous pression mercredi matin et a perdu 7%. Les traders ont évoqué des résultats semestriels mitigés, légèrement inférieurs aux attentes. L'analyste James Vane-Tempest de la société d'investissement Jefferies a commenté : "Les chiffres du deuxième trimestre fiscal sont assombris par la division Diagnostics décevante et l'objectif annuel abaissé pour cette division". A cela s'ajouteraient les dépréciations de l'activité robotique du segment thérapies avancées. L'expert de JPMorgan David Adlington a également critiqué l'évolution de la division Diagnostics, alors que le reste de l'activité principale a été très solide.

Le résultat net attribuable aux actionnaires a chuté de 579 millions d'euros à 105 millions d'euros au deuxième trimestre clos fin mars, a annoncé l'entreprise mercredi à Erlangen. La décision d'arrêter une partie de l'activité de robotique endovasculaire en est la principale raison.

Ainsi, l'activité cardiologie n'a pas répondu aux attentes, a expliqué Montag lors d'une conférence téléphonique. Healthineers veut désormais se concentrer sur les applications d'intervention vasculaire en neurologie. Healthineers a imputé 244 millions à ce sous-secteur au cours du trimestre, le total des charges s'élevant à 329 millions d'euros. Le directeur financier Jochen Schmitz ne prévoit pas de coûts supplémentaires.

Healthineers avait acquis en 2019 l'activité de chirurgie robotique aux Etats-Unis sous le nom de Corindus pour environ 1,1 milliard de dollars et l'avait intégrée à sa division de médecine de précision (Advanced Therapies). Il s'agissait alors d'un pari sur l'avenir, car l'activité ne générait que de faibles revenus.

Aujourd'hui, Montag a déclaré avoir "surestimé" l'acceptation en cardiologie. Selon lui, le marché compte un nombre d'appareils à trois chiffres. Healthineers mise désormais sur la neurologie, comme les accidents vasculaires cérébraux. Mais dans ce domaine, le système est encore en cours de développement. Il faudra "encore un certain temps" avant qu'il ne soit commercialisé. Montag s'est montré confiant malgré ce revers. La robotique endovasculaire n'est "qu'une question de temps".

Outre l'activité robotique, la restructuration de la division diagnostic a pesé à hauteur de 77 millions d'euros. Ainsi, comme on le sait déjà, Siemens Healthineers veut concentrer ses systèmes de laboratoire sur les plates-formes Atellica et abandonner progressivement les technologies plus anciennes. La simplification du portefeuille doit également permettre de réduire la complexité. Le plan prévoit des structures plus légères dans l'organisation et la recherche. Healthineers veut concentrer ses investissements sur des régions clés. Les chaînes d'approvisionnement et les services doivent également être "optimisés".

L'année dernière, l'activité de diagnostic avait largement bénéficié des tests liés au Covid-19. Cette activité est désormais supprimée, ce qui entraîne une baisse significative du chiffre d'affaires et du résultat. Même corrigée de l'activité avec le coronavirus, l'évolution a été médiocre, avec une baisse comparable du chiffre d'affaires de 1 % au deuxième trimestre. La division devrait renouer avec la croissance au second semestre. Healthineers a néanmoins revu à la baisse ses prévisions pour l'exercice 2022/23 dans ce domaine, avec une baisse des revenus et une pression sur la marge plus importantes que prévu. Dans le pire des cas, Healthineers prévoit une marge d'exploitation de moins quatre pour cent, dans le meilleur des cas, elle atteindra le seuil de rentabilité.

Le chiffre d'affaires du groupe a baissé de 2,1 pour cent à 5,35 milliards d'euros au cours du trimestre écoulé, a-t-on ajouté. Après ajustement des tests rapides de la maladie de Coronas, le chiffre d'affaires a augmenté de 11,2 % sur une base comparable. Ce chiffre ne tient pas compte des effets de change et de portefeuille. L'activité d'imagerie s'est montrée robuste. Elle a enregistré une croissance comparable à deux chiffres, tout comme Varian. Le spécialiste du cancer a également bénéficié de reports de ventes après avoir souffert de retards dans la chaîne d'approvisionnement en début d'année. Advanced Therapies a connu une croissance significative.

Cette bonne performance n'a toutefois pas suffi à compenser la faiblesse de la division Diagnostics. La restructuration de l'activité et l'augmentation globale des coûts ont également pesé sur le résultat. Le résultat ajusté avant intérêts et impôts (Ebit) a chuté de 30 % à 681 millions d'euros, ce qui est plus important que ce qu'attendaient les analystes.

Siemens Healthineers a confirmé les perspectives du groupe pour l'exercice. Pour le troisième trimestre, l'entreprise table sur un retour à la croissance. Pour 2022/23, Siemens Healthineers continue de tabler sur un chiffre d'affaires comparable, dans une fourchette de moins un à plus un pour cent par rapport à l'année précédente. Si l'on exclut les activités de test, la croissance comparable du chiffre d'affaires devrait se situer entre six et huit pour cent. Schmitz prévoit une évolution dans le haut de la fourchette.

Le résultat ajusté par action devrait baisser à 2,00-2,20 euros pour l'exercice en cours. Schmitz s'attend à atteindre le bas de la fourchette. En outre, l'entreprise s'attend à des vents contraires plus forts que prévu du côté des devises, ce qui devrait peser sur le résultat ajusté par action à hauteur de 0,10 euro. Les prévisions à moyen terme ont été confirmées./nas/mis/stk