Zurich (awp) - L'opérateur et entreprise de télécommunications Sunrise a signé un premier trimestre de très bonne facture, ponctué par un retour aux chiffres noirs. Un recul important du chiffre d'affaires, lesté notamment par les activités de hubbing, brouille quelque peu le signal positif envoyé par cette performance. Remaniée et désormais conduite par Olaf Swantee, la direction estime être en mesure d'atteindre ses objectifs financiers. Le cours de l'action prenait l'ascenseur.

Le bénéfice net trimestriel s'est fixé à 7 mio CHF, contre une perte de 167 mio entre janvier et mars de l'année dernière, indique Sunrise jeudi. La baisse des charges d'intérêts ainsi que la fin des charges extraordinaires liées à l'entrée en Bourse et au refinancement de la dette ont permis de franchir le seuil de rentabilité.

Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté s'est inscrit à 140 mio CHF, en hausse de 1,6% sur un an. La marge attenante, hors activités de hubbing, s'est renforcée de 2,7 points à 33,3% et présente encore un "léger potentiel". "Nous ne nous attendons pas à un bond dans le courant de l'année 2016", a toutefois relativisé le directeur financier (CFO) André Krause, lors d'une interview à AWP.

L'amélioration de la marge est à mettre notamment au compte d'un tassement des charges de 11,2% sur un an. Les coûts pourraient encore être compressés, grâce à la numérisation des activités. André Krause entend réaliser ces économies sans passer par la case licenciements.

INSUFFISANCES STRUCTURELLES

Le bilan s'avère moins réjouissant au niveau du chiffre d'affaires. Celui-ci s'est étiolé de 8,8% à 446 mio CHF. Les activités de hubbing et la vente de téléphones mobiles portent une très grande responsabilité dans cette baisse, presque à hauteur des deux tiers.

La hausse des abonnés aux offres mobile postpayées, internet et télévisuelle a permis de freiner ce recul. "La progression de la clientèle ne suffit encore par à compenser les insuffisances structurelles", a expliqué M. Krause. Le déclin des activités prepaid et téléphonie vocale fixe s'est par ailleurs poursuivi.

Le secteur des télécommunications en Suisse est en proie à une forte compétition. "Le contexte de concurrence est certes tendu, mais la situation reste stable", a assuré le CFO. Ce dernier a souligné la nécessité de gagner des parts de marché auprès de la clientèle entreprise, non seulement les grandes firmes, mais également les PME.

Les chiffres trimestriels dépassent nettement les prévisions du consensus, à l'exception du chiffre d'affaires, attendu à 453 mio CHF.

Les flux de trésorerie libres ("equity free cash flow") se sont améliorés entre janvier et mars, passant à 208 mio de 153 mio CHF.

LA FUSION AVEC SALT PIÉTINE

Sunrise reconduit ses prévisions pour l'exercice en cours, à savoir des ventes comprises entre 1,89 mrd et 1,93 mrd CHF ainsi qu'un Ebitda ajusté entre 600 mio et 620 mio. Les dépenses d'investissement devraient atteindre 220 mio à 230 mio CHF et la charge fiscale se situer dans la fourchette 45-50 mio CHF.

La société, cotée en Bourse depuis février 2015, prévoit de proposer aux actionnaires un dividende entre 3,24 et 3,36 CHF par action au titre de 2016, contre 3,00 CHF pour l'année dernière.

Dans le sillage de l'arrivée cette semaine du nouveau directeur général (CEO) Olaf Swantee, le comité exécutif a été réorganisé. Il accueille deux nouvelles têtes, à savoir Françoise Clemes et Karin Schmidt, et enregistre un départ, celui de Marie-Claire Diemand. Certains portefeuilles ont été redistribués et un "bureau administratif" à vocation stratégique a été constitué.

Le nouveau directeur général (CEO) Olaf Swantee ne s'est pas encore entretenu avec la direction du compétiteur Salt. Ce projet de fusion ne fait l'objet d'aucune discussion ou négociation en ce moment, même s'il garde théoriquement toute sa pertinence, a souligné pour sa part André Krause.

Les informations dispensées jeudi ont agi comme un revitalisant pour l'action Sunrise, qui gonflait vers 13h00 de 5,4% à 61,80 CHF. Le SPI gagnait pour sa part 0,47%.

Ce partiel met une nouvelle fois en lumière la croissance solide des affaires mobile postpaid et TV, constate Vontobel. L'analyste Panagiotis Spiliopoulos estime que Sunrise est bien armé pour faire face à une concurrence de plus en plus intense. Pour UBS, l'opérateur reste bien positionné, offre un dividende alléchant et connaît une évolution positive de son flux de trésorerie. Les deux établissements maintiennent leur recommandation d'achat.

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