Zurich (awp) - Les autorités chinoises entendent doubler les taxes sur les articles de luxe ramenés de l'étranger ainsi que sur le commerce en ligne transfrontalier. La mesure pourrait avoir un impact considérable sur les ventes de montres suisses dans l'empire du Milieu, estime le quotidien "Le Temps" (édition du 6 mai).

"Cela pourrait avoir un impact majeur sur l'industrie horlogère suisse", estime Jean-Christophe Babin, de Bulgari. But de l'opération: rapatrier la consommation chez les distributeurs chinois. "C'est une victoire pour les gérants de magasins en Chine", constate Desmond Marshall, de Rouge International à Hong Kong, cabinet de conseil spécialisé dans le luxe.

Ainsi, un touriste chinois qui achèterait en Suisse une montre de plus de 10'000 yuans, soit 1480 CHF, serait tenu de débourser 888 CHF de taxes à son arrivée en Chine, ou 60% de la valeur de l'objet, contre 30% auparavant. Et d'importantes pénalités sont prévues en cas d'oubli.

Pour le commerce en ligne transfrontalier également, un secteur évoluant jusqu'ici souvent en zone grise, les règles deviennent plus strictes. Une mesure destinée à mieux contrôler les importations parallèles de voyageurs chinois qui ramènent des valises de sacs à main et de montres pour les revendre sur place. Le cabinet de conseil Bain estime le marché des importations parallèles de produits de luxe en Chine à 6,3 mrd CHF par an, ou 7% de la consommation des biens de luxe dans le monde par les Chinois.

"Nous devrons attendre de voir si les contrôles aux frontières seront plus stricts", a expliqué René Weber, spécialiste de l'horlogerie chez Vontobel. Les conséquences des nouvelles mesures sont donc encore difficile à prévoir dans le détail. Cependant, il n'est pas certain que les ventes accrues en Chine-même compensent le recul de l'appétit des touristes chinois à l'étranger, campagne anti-corruption oblige.

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