Genève (awp) - Le patron de Swatch, Nick Hayek, observe un recul des ventes en Chine et s'attend à ce que la tendance continue ces prochains mois. Le groupe horloger compte toutefois y stimuler les achats en ouvrant de nouveaux points de vente, tout comme en Inde, pays qu'il considère comme un débouché stratégique.

"Pour 2024, nous nous attendons à des défis mais également à des opportunités", a déclaré Nick Hayek en ouverture de la conférence de presse de bilan, jeudi à Bienne.

Alors que la Fédération horlogère (FH) a annoncé en début de semaine une baisse des exportations horlogères en février, affectant spécialement les envois vers la Chine, le CEO de Swatch a reconnu que ce marché donnait des signes d'affaiblissement. "Les gens y réfléchissent davantage avant d'acheter", a-t-il dit.

"Il est tout à fait possible que nous assistions à une croissance plus faible jusqu'en milieu d'année", a-t-il ajouté au sujet de cette région.

La Grande Chine, qui comprend également Hong Kong et Macao, a constitué 33% des ventes de la société en 2023, des recettes en hausse de 22% à 2,63 milliards francs suisses. "Il faut garder à l'esprit que nous partons de chiffres déjà très hauts. Cette forte croissance s'est sensiblement affaiblie début 2024", observe Nick Hayek.

Pour contrer cette période plus difficile, le groupe compte sur sa force d'innovation et sur un franc suisse qui "cesse d'être surévalué".

Avec dans son portefeuille des marques comme Omega, Tissot, Longines ou Harry Winston, entre autres, il souhaite notamment établir de nouveaux points de vente en Chine pour stimuler les ventes.

Il prévoit une stratégie similaire en Inde, pays où il entend fidéliser les jeunes clients. "Il y a des millions de personnes que l'on peut attirer vers l'entrée et le milieu de gamme, qui plus tard pourront s'intéresser à nos produits plus haut de gamme", a expliqué son patron.

"On parle de nous comme d'un groupe dans le luxe, mais notre fierté, c'est d'être présents dans tous les segments", a souligné Nick Hayek.

"Une bonne surprise"

L'entrepreneur a par ailleurs qualifié la décision jeudi de la Banque nationale suisse (BNS) d'abaisser les taux d'intérêt directeurs de "bonne surprise".

"Nous espérons que cela entraînera une légère baisse du franc". Le franc fort a déjà entraîné des pertes de ventes de plus de 100 millions de francs suisses en janvier et février 2024 pour le groupe, selon son directeur général.

En 2023, malgré une reprise pas aussi importante que prévue en Chine, Swatch a augmenté son chiffre d'affaires de 5,2% sur un an à 7,89 milliards de francs suisses, au gré d'une croissance organique de 12,6%.

"Marc Hayek, la continuité"

Alors que Swatch ne fait plus partie du SMI depuis juillet 2021, Nick Hayek a tenu a préciser que la hausse à court terme du cours de l'action n'était pas ce qui importait: "Nous focaliser sur la bourse, ce n'est pas notre culture, notre centre d'attention, c'est le produit".

Celui qui, à la tête du groupe fondé en 1983 par son père, a touché 6,67 millions de francs suisses l'an dernier, s'est en outre félicité de l'organisation mise en place depuis le décès du patriarche Nicolas Hayek en 2010. Et l'objectif semble désormais être de pérenniser la main familiale sur l'entreprise, puisque son neveu Marc Hayek, désigné comme nouvel administrateur début mars, lui paraît "incarner la continuité du groupe".

La porteur Swatch s'est enrobée de 2,2% sur la journée, à 203,80 francs suisses, dans la bonne moitié d'un SLI en hausse de 1,09%.

lf/jh/ol