Zurich (awp) - Swisscom a revu à la baisse son objectif de recettes annuelles, pour tenir compte de l'évolution des devises, mais surtout au coup d'arrêt de son partenariat avec Salt dans le déploiement de son réseau de fibre optique imposé par la Commission de la concurrence (Comco).

Sur les neuf premiers mois de 2021, le chiffre d'affaires net a progressé de 1,7% par rapport à l'année précédente pour atteindre 8,34 milliards de francs suisses. Dans l'activité principale en Suisse, les revenus sont restés quasiment stables à 6,15 milliards, alors qu'ils se sont contractés de 3,3% à 4,12 milliards en raison pression de la concurrence et sur les prix, a indiqué le géant bleu jeudi dans un communiqué.

La filiale italienne Fastweb a vu son chiffre d'affaires progresser de 4,8% sur un an à 81 millions d'euros, malgré la saturation du marché et une forte concurrence.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe est ressorti à 3,47 milliards de francs suisses, en hausse de 3,2%. Le bénéfice net a bondi de près d'un tiers (+31,7%) à 1,54 milliard, essentiellement en raison des effets exceptionnels rapportés sur les six premiers mois de l'exercice.

Objectifs rabotés

Si la plupart des chiffres du jour sont légèrement supérieurs à la moyenne des projections articulées par les analystes du consensus AWP, le chiffre d'affaires en revanche a manqué le coche.

"En raison de l'état actuel de l'examen du partenariat fibre optique avec Salt ainsi que de l'évolution des changes", la direction de Swisscom a revu ses ambitions à la baisse pour l'année en cours. Le groupe anticipe désormais un chiffre d'affaires net d'environ 11,2 milliards de francs suisses, contre 11,3 milliards précédemment, ainsi que des investissements "à hauteur d'environ 2,3 milliards" (2,2 à 2,3 milliards antérieurement).

Les objectifs en matière d'Ebitda restent inchangés, entre 4,4 et 4,5 milliards de francs suisses. Le dividende qui sera proposé à la prochaine assemblée devrait également rester stable, à 22 francs suisses par action, pour peu que l'activité progresse comme prévu d'ici la fin de l'exercice.

Au vu des incertitudes liées à la décision du Tribunal administratif fédéral (TAF), contre laquelle il entend faire recours, l'opérateur historique va passer en revue sa stratégie de déploiement du réseau de fibre optique, auquel il envisageait de raccorder 60% des ménages et entreprises du pays à l'horizon 2025, contre environ 30% aujourd'hui. "Nous devons comprendre ce que la Comco veut vraiment", a déclaré le directeur général (CEO) Urs Schaeppi en téléconférence. Les provisions pour procédures juridiques ont été plus que doublées, à 52 millions de francs suisses.

Impact limité

Pour l'exercice 2021, l'impact devrait être limité, à en croire le directeur financier (CFO) Eugen Stermetz, qui signale que les recettes et les gains opérationnels liés à ce contrat n'auraient de toute façon été comptabilisés qu'au quatrième trimestre et ont donc été retirés des prévisions. La perte de l'apport de Salt à l'Ebitda devrait être compensée par une marche des affaires meilleure qu'attendu.

Selon UBS, la suspension du partenariat avec Salt risque de se traduire par une érosion de 3-4% du flux de trésorerie disponible (FCF) à partir de l'année prochaine. La banque aux trois clés rappelle que l'action se négocie avec une prime notable par rapport à ses pairs européens et estime que le dividende prévu devrait être le principal catalyseur à court terme. Même son de cloche chez Morgan Stanley, qui met en avant l'impact négatif du coup d'arrêt sur le calendrier du déploiement du réseau de fibre optique.

A la Bourse suisse, les investisseurs ont copieusement boudé l'ex-régie fédérale. La nominative Swisscom a terminé la séance sur une chute de 7,4% à 507,20 francs suisses, alors que l'indice phare a pour sa part pris 0,54%.

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