PARIS, 21 février (Reuters) - Le Premier ministre français, Gabriel Attal, s'est efforcé mercredi de calmer la colère du monde paysan via la mise en oeuvre rapide d'un train de mesures et un nouveau projet de loi Egalim visant à favoriser une juste rémunération des exploitants.

Près de trois semaines après un premier plan d'action, le chef du gouvernement a fait le point à l'approche du 60e Salon de l'agriculture que le président Emmanuel Macron doit inaugurer samedi, porte de Versailles à Paris.

"Je suis parfaitement lucide que nos agriculteurs attendent de voir pour y croire", a dit Gabriel Attal, affirmant que "100% des dossiers" relatifs aux 62 engagements pris fin janvier étaient "ouverts".

Il a annoncé la présentation "d'ici l'été" d'un nouveau projet de loi pour renforcer Egalim, notamment destiné à mieux encadrer la "construction du prix" afin de mieux protéger le revenu des producteurs.

Autre annonce du chef du gouvernement : le classement rapide du secteur de la production agricole parmi les métiers en tension, ce qui ouvrira la voie à l'emploi de personnel étranger dans ce secteur.

Le Premier ministre a redit son intention d'inscrire la notion de souveraineté alimentaire dans la loi et précisé que le Projet de loi d'orientation agricole arriverait le 12 mars au Sénat, en vue d'une adoption "mi-avril".

ACTIONS AU SALON DE L'AGRICULTURE

Gabriel Attal a aussi confirmé la mise en oeuvre rapide des mesures déjà annoncées concernant notamment le versement d'aides d'urgence, la simplification administrative, la réduction des normes, la pause dans le plan anti-pesticides Ecophyto et l'avance de trésorerie sur le carburant GNR.

Bruno le Maire a fait le point sur les contrôles effectués par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et notamment signalé des problèmes de non conformité dans deux centrales d'achats européennes.

Au chapitre politique, Gabriel Attal s'est dit prêt à débattre avec la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, alors que l'agriculture s'annonce comme l'un des thèmes de la campagne pour les élections européennes du 9 juin.

"J'ai proposé ce débat à madame Le Pen. Elle ne veut pas. ça montre qu'elle n'est pas a l'aise", a dit le Premier ministre.

Emmanuel Macron a reçu mardi à l'Elysée les deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), après avoir rencontré la semaine dernière la Coordination rurale, la Confédération paysanne et le Modef.

Les agriculteurs ont encore manifesté en divers endroits ces derniers jours, une mobilisation d'une moindre ampleur qu'en janvier, qui avait vu des convois atteindre les portes de Paris.

Des actions sont d'ores et déjà prévues lors de la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, vitrine annuelle d'une profession inquiète pour son avenir - il y avait 389.000 exploitations agricoles en France en 2020, un chiffre en baisse de 100.000 sur dix ans.

"On appelle à des actions pour le sensibiliser, on ne peut pas faire un Salon de l'agriculture normal comme s'il n'y avait rien eu ces dernières semaines et que tout se passait bien", a déclaré sur TF1 Arnaud Gaillot, le président des JA. (Reportage Elizabeth Pineau, édité par Kate Entringer)