PARIS (Reuters) - Le gouvernement a été interpelé mercredi au Sénat sur la protection des élus, confrontés à une augmentation des actes de violences, et a promis une réponse après la démission très médiatisée du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) à la suite de l'incendie criminel de son domicile.

Cette affaire a encore trouvé un nouvel écho après l'agression lundi soir à Amiens du petit-neveu de Brigitte Macron, intervenue après l'interview du président Emmanuel Macron sur TF1.

"Ces actes sont inadmissibles. Derrière chaque élu agressé, c'est la République qui est visée. Je partage le choc et l'indignation face à cette situation comme à chaque acte de violence contre les élus", a affirmé mercredi la Première ministre Elisabeth Borne devant les sénateurs lors de la séance de questions au gouvernement.

"Les maires sont en première ligne sur le terrain et sont les premiers témoins de la montée de la défiance dans notre société, nous devons les protéger comme nous devons protéger tous les élus", a-t-elle ajouté.

Elisabeth Borne recevra à 18h30 à Matignon le maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, entendu plus tôt dans la matinée devant la commission des lois du Sénat devant laquelle il a dénoncé un "attentat criminel" à son encontre.

Le maire, qui a regretté "le manque de soutien de l'Etat" dans sa lettre de démission, était visé par des menaces sur les réseaux sociaux en raison d'un projet de déménagement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile près d'une école maternelle. Plusieurs manifestations avaient été organisées.

Le 22 mars, ses voitures et sa maison ont été incendiés.

Selon les chiffres du gouvernement, le nombre d'atteintes aux élus s'est élevé à 2.265 faits en 2022, en hausse de 32% sur un an.

A l'issue de l'entretien entre Elisabeth Borne et Yannick Morez, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, doit annoncer la création d'un "centre d'analyse et de lutte" contre les atteintes aux élus.

Ce centre aura pour mission de coordonner les actions de lutte contre les atteintes aux élus et de renforcer la présence des forces de sécurité à leurs côtés, en particulier quand ils sont menacés. Il sera aussi chargé d'analyser les faits pour entreprendre des actions de prévention.

La mobilisation du gouvernement sur la protection des élus intervient quelques jours après l'agression du petit-neveu du couple Macron, Jean-Baptiste Trogneux, qui été dénoncée par l'ensemble de la classe politique, de l'extrême droite à l'extrême gauche et a fait réagir jusqu'au président de la République.

"Il a été agressé parce que c'est notre petit-neveu (...) Il a été confronté à la brutalité, à la violence et à la bêtise", a réagi mardi soir Emmanuel Macron depuis Reykjavik, en Islande, où il était présent pour le Conseil de l'Europe.

"La violence n'a pas sa place en démocratie", a déclaré le chef de l'Etat.

(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Nicolas Delame)