Zurich (awp) - Alors qu'il s'apprête à supprimer une quarantaine de postes au Matin - dont plus de la moitié dans la rédaction - le groupe de presse zurichois Tamedia a débloqué une enveloppe de près d'un million de francs suisses pour proposer à 121 journalistes promus au rang d'experts une augmentation de 500 francs suisses par mois. Cinq d'entre eux ont refusé cette promotion, dont trois appartenant à la rédaction de la Tribune de Genève (TdG).

Sollicité vendredi par AWP, l'éditeur a confirmé en partie les chiffres avancés par la RTS. Celle-ci avait fait état dans l'émission radiophonique "La Matinale" de six collaborateurs de la TdG ayant refusé la promotion au nom de la solidarité avec leurs collègues du quotidien orange, dont l'arrêt de mort de la version papier a été prononcé pour le 21 juillet.

Le groupe zurichois se défend de toute velléité de division au sein du personnel, évoquant une coïncidence malencontreuse. "Le projet 'cercle des experts' a été mis en place en automne 2017", a précisé un porte-parole. "Il s'agit de mettre en réseau et de valoriser les compétences éditoriales au sein du groupe".

Compétences journalistiques comme seul critère

Le responsable de Tamedia insiste sur le fait que les 121 experts ont été désignés sur la base de leurs compétences journalistiques, "de manière équilibrée entre tous les titres du groupe, indépendamment de leur performance financière, et toutes les régions linguistiques".

Selon la RTS, les promus récalcitrants refusent de "se laisser diviser alors que les temps sont durs pour le journal genevois et pour les collègues du Matin", un geste qualifié de "franchement noble par les temps qui courent" par Laurence Bezaguet, de la Société des rédacteurs et du personnel de la Tribune de Genève.

Le porte-parole de Tamedia a précisé que trois collaborateurs de la TdG se sont opposés à leur promotion, ainsi que deux travaillant "pour d'autres titres du groupe", sans toutefois spécifier lesquels. S'il n'a pas confirmé l'enveloppe de 1 million articulée par la RTS, il a reconnu que "l'ordre de grandeur est correct".

Aux dires de l'éditeur et président du conseil d'administration Tamedia, Pietro Supino, dans un document interne au groupe, il est "important de proposer aux journalistes de premier plan des perspectives à long terme (...) indépendamment d'une carrière hiérarchique".

Subsiste le malaise que suscite une charge supplémentaire d'un million de francs suisses, alors que le quotidien payant le plus lu de Suisse romande cessera de paraître dans moins de deux mois après 125 ans d'histoire.

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