par Wojciech Moskwa

La crise financière, en provoquant l'effondrement du système bancaire national et la chute de la couronne islandaise, a mis en évidence selon lui les faiblesses graves auxquelles s'expose un petit pays en ouvrant largement son économie.

"Certains réfléchissent à la possibilité d'une 'dollarisation' ou d'une adoption unilatérale de l'euro, qui ne manquerait pas de provoquer des froncements de sourcils dans l'Union européenne; une troisième possibilité pourrait consister à créer un conseil monétaire", a dit Haarde lors d'un entretien accordé à Reuters. "La question reste ouverte pour le moment."

La Banque centrale européenne (BCE) est opposée à toute tentative d'adoption de l'euro sans respect du processus normal de transition, dont la première étape est l'entrée dans l'Union.

Le débat sur l'avenir de la couronne islandaise s'ouvre alors que la colère monte chez les Islandais: samedi, environ 5.000 personnes, soit à peu près 1,5% de la population du pays, ont défilé dans les rues de Reykjavik en réclamant le départ de Haarde et de son gouvernement.

"Nous voulons la démission du gouvernement qui a promu ce 'capitalisme de requins'", a déclaré Stefan Jonsson, l'un des manifestants. "Personne n'a assumé la responsabilité de tout ça, ni même exprimé des regrets."

L'ENTREE DANS L'UNION N'EST PAS UNE SOLUTION

La crise financière et la chute de la couronne ont obligé le gouvernement à nationaliser dans l'urgence début octobre les trois principales banques du pays et à limiter strictement les mouvements de capitaux.

L'économie locale risque de se contracter de 10% l'année prochaine, provoquant un bond du chômage. La confiance des consommateurs, elle, s'est déjà effondrée.

Haarde a estimé samedi qu'une entrée dans l'Union pourrait prendre deux ans et qu'il faudrait sans doute trois ans plus pour adopter l'euro en suivant le processus habituel.

"Il est clair que ce débat (sur l'entrée dans l'Union) n'est pas la réponse à la crise actuelle", a jugé Haarde, dont le Parti indépendant est historiquement euro-sceptique.

Le chef du gouvernement a toutefois jugé que les critères budgétaires et économiques fixés par le traité de Maastricht sur l'union monétaire constituaient une "politique raisonnable".

Dans l'immédiat, la priorité de Reykjavik est de stabiliser la couronne, dont la chute a alimenté l'inflation, obligeant les autorités à relever les taux d'intérêt.

Reykjavik s'est assuré récemment quelque 10 milliards de dollars d'aides financières, dont 1,2 milliard apporté par le Fonds monétaire international (FMI).

Version française Marc Angrand