Les données sur l'emploi aux États-Unis, le témoignage du président de la Réserve fédérale, une date clé dans le calendrier électoral américain et le discours sur l'état de l'Union du président Joe Biden, le tout en une seule semaine.

Voilà pour un côté de l'Atlantique. De l'autre, une réunion de la BCE et le budget du Royaume-Uni. L'Asie n'est pas en reste : la réunion annuelle du parlement chinois se déroule sur fond de crise dans la deuxième économie mondiale.

Voici ce que vous réserve la semaine sur les marchés mondiaux : Ira Iosebashvili à New York, Jamie McGeever à Orlando, Kevin Buckland à Tokyo, Li Gu à Shanghai, et Dhara Ranasinghe et William Schomberg à Londres.

1/ DOUBLE PROBLÈME

La saison des résultats américains s'achève, mais les investisseurs n'ont pas beaucoup de temps mort avec un témoignage du président de la Fed Jerome Powell devant le Congrès mercredi et jeudi, et les chiffres de l'emploi américain de février vendredi.

L'enthousiasme suscité par le potentiel commercial de l'intelligence artificielle a permis aux actions d'atteindre de nouveaux records, même si la robustesse de l'économie atténue les prévisions de réduction des taux d'intérêt.

Les signes d'une vigueur continue du marché de l'emploi ou d'un message optimiste de la part de la Fed pourraient empêcher les investisseurs d'écarter les inquiétudes concernant l'impact que des taux d'intérêt plus élevés et plus longs pourraient avoir sur les marchés et l'économie.

L'un de ces effets est la hausse des rendements des bons du Trésor, qui pourrait perturber les actions si elle se poursuivait. Les rendements à dix ans ont augmenté de 40 points de base cette année.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que l'économie américaine crée 188 000 nouveaux emplois, après une explosion de 353 000 emplois en janvier.

2/ BONJOUR, SUPER MARDI

Il est peut-être trop tôt pour fixer les prix et se positionner en vue de l'élection présidentielle américaine de novembre, mais le "Super Tuesday" mettra en lumière les divisions politiques et les défis auxquels l'Amérique est confrontée.

La question du plafond de la dette est également de retour. Le Congrès américain a approuvé jeudi une mesure provisoire à court terme pour éviter une fermeture partielle du gouvernement fédéral, mais seulement pour une semaine.

Le marché du Trésor a absorbé 169 milliards de dollars d'émissions de dette cette semaine avec une relative facilité. Mais la polarisation des politiques sur les finances du gouvernement nous rappelle que la dette nationale s'élève à 34 000 milliards de dollars, et que les bons du Trésor risquent d'en pâtir.

Toutefois, en cette année électorale, il est peu probable que l'on assiste à une consolidation fiscale agressive. Il est plus probable que l'on se débrouille avec des mesures de dépenses temporaires.

Le Super Tuesday est le jour du cycle des primaires présidentielles américaines où le plus grand nombre d'États votent. M. Biden et Donald Trump devraient obtenir les nominations démocrate et républicaine.

3/ SALLE OÙ CELA SE PASSE

Les espoirs sont grands de voir la Chine prendre de nouvelles mesures de relance lorsque le Congrès national du peuple entamera sa session annuelle mardi, afin de relancer un secteur immobilier en ruine et de revigorer des consommateurs moribonds, victimes de la pire déflation depuis la crise financière mondiale.

L'enjeu est bien plus important que la réalisation de ce qui sera probablement un nouvel objectif de croissance économique de 5 % cette année.

Les actions chinoises se sont redressées par rapport aux plus bas de cinq ans atteints début février, mettant fin à une série de six mois de pertes et enregistrant leur meilleure performance mensuelle depuis fin 2022. Les principaux moteurs de cette reprise ont été l'achat d'actions par l'État et le renforcement de la réglementation sur les ventes à découvert.

Mais il est difficile d'oublier que la chute vers les plus bas de cinq ans a été provoquée par les espoirs déçus de mesures de la part de Pékin. Le marché est donc très attentif à ce qui se passera dans les jours à venir.

4/ TROP TÔT ?

La BCE se réunit jeudi et l'attention se porte sur la question de savoir si les décideurs politiques vont répéter qu'il est trop tôt pour discuter d'une baisse des taux ou s'ils vont ouvrir la porte à une telle baisse.

Les taux sont suspendus depuis septembre et la BCE a repoussé l'idée d'une réduction des taux, insistant sur le fait que même si la prochaine mesure est une réduction, elle sera plus tardive que les traders ne l'anticipent.

Après tout, les pressions salariales restent élevées, même si elles s'atténuent.

Ainsi, après avoir évalué à 150 points de base les réductions de taux au début de l'année 2024, les marchés s'attendent désormais à environ 90 points de base, la première mesure étant entièrement prévue pour juin.

Les prix suggèrent également que la BCE pourrait réduire ses taux avant la Fed, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de la faiblesse relative de l'économie de la zone euro. La BCE intervient généralement après la Fed.

5/ LA CHASSE À L'HOMME

Le ministre britannique des finances Jeremy Hunt doit trouver un moyen de réduire les impôts dans le budget de mercredi pour aider le Premier ministre Rishi Sunak dans ses sombres perspectives électorales sans provoquer une autre perturbation sur les marchés obligataires.

Les souvenirs de la crise du "mini-budget" de l'ancienne première ministre Liz Truss sont encore frais et les perspectives fiscales ne se sont pas améliorées depuis, ce qui laisse peu de marge de manœuvre à Jeremy Hunt lorsqu'il se présentera devant le Parlement le 6 mars.

Mais les spéculations des médias se sont concentrées sur d'éventuelles réductions de l'impôt sur le revenu ou sur une nouvelle baisse des taux de sécurité sociale, et les investisseurs s'attendent à ce que M. Hunt utilise la majeure partie, voire la totalité, de la "marge de manœuvre" budgétaire dont il dispose.