Alors que les marchés chinois en difficulté prennent congé pour le Nouvel An lunaire, les chiffres de l'inflation américaine, les données clés du Royaume-Uni, la réunion de la banque centrale russe et les élections dans la troisième plus grande démocratie du monde se disputent la vedette.

Rae Wee à Singapour, Ira Iosebashvili à New York et Amanda Cooper, Naomi Rovnick et Alexander Marrow à Londres vous présentent l'essentiel de l'actualité des marchés mondiaux pour la semaine à venir.

1/ PAS ENCORE

Pour les traders qui tentent de parier sur la date d'une première baisse des taux américains, la vie n'a pas été facilitée par une économie performante qui pourrait alimenter un rebond inflationniste tant redouté.

Les excellents chiffres de l'emploi de janvier n'étaient qu'un signe parmi d'autres que l'économie américaine dépassait les attentes. Cette vigueur inattendue a alimenté la prudence de la Réserve fédérale, qui a jeté un froid sur les attentes d'une réduction des taux en mars, ce qui a fait grimper les rendements des bons du Trésor et le dollar.

L'attention se porte donc sur les données relatives à l'inflation de janvier, publiées mardi. Tout signe indiquant que les pressions sur les prix reprennent de la vigueur pourrait repousser les paris sur une baisse des taux à plus long terme.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à une augmentation de 0,2 % des prix à la consommation sur une base mensuelle, après l'augmentation de 0,3 % de décembre.

2/ TOP DOLLAR

Une économie américaine exceptionnelle signifie un dollar exceptionnel.

À la fin de l'année 2023, les observateurs du marché étaient certains que la monnaie américaine se dirigeait dans une seule direction cette année, vers le sud, les traders s'attendant à pas moins de six baisses de taux de la Fed en 2024.

Aujourd'hui, grâce à une croissance exceptionnelle de l'emploi, à un secteur des services florissant, à un ralentissement de l'inflation, à une stabilisation des conditions de prêt et à un marché boursier en pleine effervescence, quatre baisses seulement sont prévues.

Le dollar est à son plus haut niveau depuis trois mois, laissant les devises concurrentes, dont les banques centrales jonglent avec le ralentissement de l'inflation et le ralentissement de la croissance, dans la poussière.

Depuis le début de l'année, aucune devise du G10 n'est en territoire positif par rapport au dollar. Les investisseurs ne détiennent toujours pas de position haussière nette sur le dollar, ce qui laisse penser que si l'écart entre l'économie américaine et le reste du monde continue de se creuser, le billet vert pourrait bénéficier d'un nouveau coup de pouce.

3/ PAS SI VITE

La Banque d'Angleterre s'est abstenue d'annoncer des taux d'intérêt élevés. Les données sur l'emploi au Royaume-Uni pourraient l'amener à se laisser distancer par la Fed américaine et la Banque centrale européenne, plus pessimistes.

Les récentes révisions des données sur l'emploi de novembre ont montré que le taux de chômage au Royaume-Uni était plus bas qu'on ne le pensait. Selon les chercheurs de Pantheon Macroeconomics, cela signifie que les chiffres du chômage britannique publiés le 13 février pourraient être inférieurs à l'estimation de 4,3 % de la BoE.

Les chiffres de l'inflation britannique du 14 février pourraient encore compliquer les perspectives de la politique monétaire. La BoE estime que l'inflation reviendra à son objectif de 2 % cette année, mais a averti qu'elle pourrait augmenter à nouveau au troisième trimestre.

Les marchés monétaires ont repoussé la date de la première baisse des taux de la BoE de mai à juin. Pantheon prévoit des taux britanniques de 4,5 % d'ici décembre, contre 5,25 % actuellement, mais avertit que "les risques que la première réduction intervienne plus tard augmentent".

4/ L'HÉRITAGE DE JOKOWI

Les Indonésiens se rendent aux urnes mercredi pour élire le prochain dirigeant de la troisième plus grande démocratie du monde, alors que Joko Widodo s'apprête à quitter ses fonctions de président après une décennie au pouvoir.

Trois candidats sont en lice pour succéder à Jokowi, comme on surnomme le populaire président, et les sondages suggèrent que le ministre de la défense, Prabowo Subianto, est le candidat à battre.

Jokowi, qui n'est pas autorisé à se représenter après deux mandats, laisse derrière lui un héritage de politiques qui ont contribué à la prospérité de l'économie du G20, estimée à plusieurs billions de dollars : des projets d'infrastructure massifs aux programmes de protection sociale.

Pourtant, tout n'est pas rose. Les changements de règles permettant au fils de Jokowi de se présenter aux côtés de Prabowo ont provoqué le mécontentement du cabinet et la spéculation selon laquelle le ministre des finances, très respecté, pourrait démissionner.

Les marchés indonésiens, qui ont bien résisté aux hausses de taux mondiales, sont ébranlés. La roupie a perdu près de 2 % depuis le début de l'année.

5/ FAITES UNE PAUSE

La banque centrale de Russie pourrait faire une pause lors de sa réunion du 16 février. Les responsables politiques ont relevé les taux de 850 points de base à 16 % depuis juillet pour lutter contre l'inflation alimentée par les pénuries de main-d'œuvre, la faiblesse du rouble et les dépenses budgétaires élevées.

Le président Vladimir Poutine cherchant à se faire réélire en mars, un peu plus de deux ans après l'invasion de l'Ukraine qui a déclenché des sanctions et coupé la Russie du tissu financier mondial, la banque centrale est confrontée à la tâche ardue de juguler l'inflation sans augmenter les coûts d'emprunt pour les consommateurs et les entreprises.

Elle est également en désaccord avec le Kremlin sur l'intérêt d'étendre les contrôles de capitaux qui ont soutenu le rouble depuis octobre et s'oppose à une demande d'extension, mais il est probable qu'elle sera rejetée.

La holding néerlandaise de la société internet russe Yandex vient d'annoncer un accord de 5,2 milliards de dollars en espèces et en actions pour céder les activités russes de Yandex à des acheteurs nationaux.