Washington (awp/afp) - Des responsables de la Fed estiment que la reprise de l'inflation, observée aux Etats-Unis depuis le dernier de l'année, s'est construite sur une base trop large pour être considérée comme "une aberration statistique", selon le compte-rendu de la dernière réunion, publiée mercredi.

"Certains participants ont noté que la récente hausse de l'inflation s'est construite sur une base trop large pour être simplement vue comme une aberration statistique. Mais d'autres participants estiment que les effets de saison peuvent encore influencer les statistiques de l'inflation en début d'année", est-il écrit dans les "minutes" de la dernière réunion de la Réserve fédérale (Fed), qui s'était tenue les 19 et 20 mars.

L'inflation a cependant continué à accélérer en mars, pour atteindre 3,2% sur un an, selon l'indice CPI publié mercredi par le département du Travail.

L'ensemble des membres s'accordent cependant pour considérer qu'il "ne serait pas approprié de réduire les taux tant qu'ils n'ont pas une meilleure confiance dans le fait que l'inflation se dirige durablement vers (la cible de) 2%", est-il ajouté.

D'autant que "certains participants pointent les risques géopolitiques qui pourraient créer de nouveaux goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et une hausse des coûts de livraison", qui viendraient renforcer la dynamique des prix.

Car la consommation des ménages "reste solide, même si plusieurs membres ont souligné que les ventes au détail ralentissaient", une consommation qui tient notamment par "une hausse des dépenses via les cartes de crédit" mais aussi une "hausse de l'immigration, qui vient soutenir la croissance de la consommation et la demande de logements".

Néanmoins "quasi tous les participants estiment qu'il serait approprié de se diriger vers une politique moins restrictive à un moment dans l'année, si l'économie évolue globalement comme ils l'anticipent", notamment car "l'inflation continue à suivre la tendance attendue, même si c'est de manière inégale".

L'évolution de l'inflation est regardée de près par la Fed qui bataille contre sa hausse depuis plus de deux ans. Son principal outil pour y faire face a été de relever les taux entre mars 2022 et juillet 2023, les faisant grimper jusqu'à la fourchette de 5,25-5,50%, leur plus haut niveau depuis 20 ans.

L'institution envisage désormais de commencer à les abaisser cette année. Mais ses responsables ont largement temporisé ces dernières semaines en disant préférer attendre plusieurs mois afin d'être certains que l'inflation ne risque pas de rebondir.

Les analystes attendent cependant une première baisse des taux lors de la réunion prévue septembre, la dernière avant les élections présidentielles de novembre, selon l'agrégateur FedWatch de CME Group.

La prochaine réunion de la Fed, prévue le 30 avril et le 1er mai, devrait de nouveau se solder par un statu quo sur le front des taux.

afp/rp