* Le PM Rasmussen reconnaît sa défaite, va démissionner

* Légère majorité pour la gauche-projections

* Thorning-Schmidt serait la première femme Premier ministre

par John Acher et Jeremy Gaunt

COPENHAGUE, 16 septembre (Reuters) - Le "Bloc rouge" de centre gauche du Danemark s'acheminait jeudi soir vers une victoire sur le Premier ministre libéral Lars Lokke Rasmussen et ses alliés, à l'issue d'élections législatives dominées par l'inquiétude qu'inspire l'état de l'économie à l'opinion.

Après dépouillement de 75% des suffrages exprimés, la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt semblait promise au poste de Premier ministre, qu'elle serait la première femme à occuper dans son pays.

Lars Lokke Rasmussen n'a pas attendu les résultats complets pour concéder la défaite et a annoncé qu'il démissionnerait vendredi. "Demain à 11h00, je remettrai la démission du gouvernement à la reine", a-t-il déclaré sur la chaîne TV2. "Il n'y a plus de motif de rester au gouvernement."

Le "Bloc bleu" (centre droit) exerçait le pouvoir depuis dix ans, période au cours de laquelle le Danemark, à l'instar d'autres pays, a connu une crise économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'ÉCONOMIE NOURRIT LE RESSENTIMENT

Les projections donnent au Bloc rouge de Thorning-Schmidt une mince majorité au parlement, qui dépendra en partie des résultats dans les territoires excentrés du Groenland et des îles Féroé. Le Parti social-démocrate deviendrait la première formation parlementaire avec 44 des 179 sièges de l'assemblée.

"Tout indique que nous allons avoir un nouveau gouvernement", a déclaré Margarethe Vestager, chef des sociaux-libéraux (centristes) qui joueront sans doute un rôle clé dans la coalition "rouge".

L'état de l'économie a constitué le grand thème de la campagne, les partis de la coalition au pouvoir se voyant fustiger pour ne pas avoir réussi à préserver la croissance.

Helle Thorning-Schmidt a accusé Lars Rasmussen d'avoir enfoncé le pays dans le déficit.

Elle prône une hausse des dépenses publiques mais aussi un relèvement de l'imposition des hauts revenus et un projet insolite consistant à faire travailler tout le monde 12 minutes de plus par jour. Une heure de travail supplémentaire par semaine contribuerait à relancer la croissance, fait valoir son bloc politique.

Lars Rasmussen avait exhorté les électeurs à lui rester fidèles pour empêcher la gauche de défaire ce qu'il avait accompli.

Pour le politologue Jorgen Elklit, il est clair que le Bloc rouge l'a emporté mais que le plus difficile sera de mettre en place un gouvernement. "Cela prendra certainement des jours, et peut-être des semaines", a-t-il dit.

DIVERGENCES SUR L'EURO

Le Danemark est le dernier en date des pays européens à évincer des équipes en place sur fond de difficultés économiques. Le gouvernement socialiste espagnol risque une défaite électorale le 20 novembre et, en Allemagne, la chancelière Angela Merkel a perdu une série de scrutins régionaux depuis mai 2010.

Le Danemark a évité dans une grande mesure les traumatismes qu'ont subis d'autres pays ouest-européens parce qu'il reste extérieur à la zone euro. Mais la crise économique a transformé ses confortables excédents en déficits qui pourraient atteindre 4,6% du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain.

Les partis politiques du pays divergent sur l'adhésion éventuelle de leur pays à l'euro. Les Danois ont voté contre l'euro par référendum en 2000 et la couronne danoise fluctue autour de l'euro avec une marge de variation étroite. (Avec Anna Ringstrom, Mette Fraende, Shida Chayesteh, Terje Solsvik et Jakob Vesterager; Clément Guillou et Philippe Bas-Rabérin pour le service français)