par Krisztina Than et Marton Dunai

La suspension des consultations signifie que, tant que l'évaluation n'aura pas été achevée, la Hongrie ne pourra avoir accès aux fonds qui n'ont pas encore été utilisés dans le cadre du prêt de 25,1 milliards d'euros débloqué par l'UE et le FMI .

Les négociations étaient supposées se terminer en début de semaine prochaine.

Selon des analystes, le forint, la devise nationale, pourrait fortement reculer à la réouverture des marchés lundi. Le prêt de l'UE et du FMI sert aujourd'hui de filet de sécurité à la Hongrie qui se finance sur les marchés depuis la fin d'année dernière.

"Dans un contexte de surveillance accrue par les marchés des déficits des gouvernements et des niveaux de dette, les objectifs de déficit budgétaire précédemment annoncés - 3,8% du PIB en 2010 et moins de 3,0% du PIB en 2011 - restent une base appropriée pour le processus nécessaire de consolidation et la soutenabilité de la dette (...) mais des mesures supplémentaires devront être prises pour atteindre ces objectifs", a estimé le FMI.

Le nouveau gouvernement de centre-droit, issu des élections d'avril, a fait savoir qu'il souhaitait prolonger l'accord en cours avec l'UE et le FMI jusqu'à la fin de 2010 et obtenir un nouvel accord, à titre de précaution, pour 2011 et 2012.

Le ministre de l'Economie, Gyorgy Matolcsy, a dit clairement que le gouvernement souhaitait reprendre les négociations avec ses créanciers internationaux.

"Le gouvernement va évidemment continuer les discussions avec les organisations internationales, dont l'UE et le FMI", dit-il dans un communiqué repris samedi par l'agence de presse MTI.

"DÉCISIONS DIFFICILES"

Christoph Rosenberg, qui conduisait la délégation du FMI en Hongrie, a indiqué que l'organisation internationale souhaitait obtenir davantage de précisions sur le budget de l'année prochaine. "Lorsque nous viendrons la prochaine fois, à moins que nous ne venions la semaine prochaine, le gouvernement aura logiquement avancé sur le budget 2011 et ce sera un budget très important", a-t-il dit à Reuters.

Il a par ailleurs précisé que le FMI n'avait pas discuté avec les autorités hongroises d'un nouvel accord de financement pour 2011 et 2012.

Dans un communiqué distinct, l'UE a fait savoir que la conclusion de l'évaluation avait dû être reportée et que de nouvelles consultations seraient organisées.

"La Hongrie est revenue sur la voie d'une croissance économique positive et enregistre aujourd'hui l'un des plus faibles déficits de l'UE. Je salue l'engagement des autorités envers l'objectif 2010 de réduction du déficit", a déclaré Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.

"Toutefois, la correction du déficit excessif à partir de l'an prochain nécessitera des décisions difficiles, notamment en matière de dépenses", a-t-il ajouté.

La Hongrie a besoin de conserver le filet de sécurité que constitue le prêt de l'UE et du FMI afin de garder la confiance des marchés auprès desquels elle emprunte. Le pays reste vulnérable à sa dette publique élevée, qui représente 80% du PIB, et à sa dépendance aux financements étrangers.

"Si nous n'avons pas le filet de sécurité des créanciers internationaux, cela nous pénalisera là où nous sommes les plus vulnérables", a réagi Zsolt Kondradt, analyste à MKB Bank, ajoutant qu'un recul du forint est prévisible lundi.

La devise hongroise s'échangeait à 282 forints pour un euro vendredi.

La Roumanie a déjà dû prendre des décisions difficiles le mois dernier pour s'assurer du déblocage de l'aide du FMI et rassurer les marchés.

Gwénaelle Barzic pour le service français, édité par Nicole Dupont