par Jeffrey Heller

JERUSALEM, 2 mars (Reuters) - Benjamin Netanyahu, dont le procès pour corruption doit débuter ce mois-ci, espère se maintenir au pouvoir en Israël à l'issue des élections législatives de lundi, troisième scrutin en moins d'un an qui devrait cependant de nouveau accoucher d'un Parlement morcelé et prolonger l'impasse politique.

Les législatives d'avril et de septembre derniers n'ont débouché sur aucune majorité parlementaire et ont étiolé l'aura du Premier ministre sortant, sur fond d'accusations de corruption qu'il dément.

D'après les enquêtes d'opinion, ni le Likoud de Benjamin Netanyahu ni le parti centriste Bleu et Blanc de son principal rival Benny Gantz n'obtiendront suffisamment de sièges pour gouverner avec la majorité absolue, même avec l'appui de leurs soutiens respectives au Parlement.

Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, et Gantz ont successivement échoué à former un gouvernement après les deux dernières élections.

Un quatrième scrutin pourrait être organisé dans les prochains mois si l'impasse politique n'est pas rompue, avec la menace de voir s'accroître l'incertitude économique alors que le budget 2020 reste en suspens.

Le taux de participation sera observé de près, sur fond d'inquiétudes liées à l'épidémie de coronavirus et d'accusations de propagation de fausses rumeurs de contamination dans des zones considérées comme des bastions de certaines formations politiques.

Les électeurs placés en quarantaine à leur domicile, tels ceux étant récemment revenus de pays dits à haut risque sanitaire, peuvent se rendre dans des bureaux de vote spécifiques à condition d'être munis d'un masque et de ne pas présenter de symptômes du virus.

"LE PRÉVENU"

Jusqu'à présent l'économie israélienne a résisté aux remous politiques, affichant une croissance solide. Mais plus l'impasse se prolongera, plus les fonds en matière de santé, d'éducation ou pour les projets d'infrastructure manqueront, en l'absence de vote parlementaire sur le budget.

Benjamin Netanyahu fait face à un défi sans précédent dans sa quête d'un cinquième mandat, qui constituerait un record, depuis son inculpation en novembre dernier pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes.

Le procès du Premier ministre sortant, qui a dénoncé un "coup d'Etat", doit s'ouvrir le 17 mars, soit au moment où les négociations autour de la formation d'une coalition gouvernementale devraient battre le plein.

Benny Gantz a choisi de s'attaquer à la personnalité de Benjamin Netanyahu, qu'il a nommé "le prévenu" et accuse de vouloir rester au pouvoir dans le but de faire adopter une loi empêchant les autorités de juger un Premier ministre en fonction.

Netanyahu a qualifié son rival de "lâche" incapable de faire face aux nombreux dangers qui guettent Israël dans la région et a laissé entendre que Gantz avait des secrets que l'Iran pourrait utiliser à des fins de chantage.

Les deux rivaux s'accusent mutuellement de propager des mensonges et de n'être pas apte à gouverner.

Espérant que le plan de paix pour le Proche-Orient présenté par le président américain Donald Trump en janvier serve sa cause dans les urnes, Netanyahu a annoncé que la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les colonies de Cisjordanie lui permettrait de les annexer dans les trois semaines suivant le scrutin. Le plan de Washington a été dénoncé par les Palestiniens. (avec Dan Williams et Ari Rabinovitch; version française Jean Terzian)