par Rami Ayyub

JERUSALEM, 29 janvier (Reuters) - Donald Trump a proposé mardi une solution à "deux Etats" pour régler le conflit israélo-palestinien mais en offrant de nombreuses concessions à Israël tout en imposant de strictes conditions aux Palestiniens, qui ont rejeté cette "gifle du siècle".

Voici les principaux points de ce plan américain, baptisé "De la paix à la prospérité" :

DEUX ETATS

Le plan Trump propose un délai de quatre années pour la création d'un Etat palestinien. Au préalable, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, devra mettre fin à ses attaques contre l'Etat hébreu.

Les Palestiniens devront mettre en place des institutions pour gouverner, sans doute proches de celles de l'actuelle Autorité palestinienne, qui exerce un pouvoir autonome limité sur certaines parties de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis la Guerre des Six-Jours en 1967.

L'Etat palestinien comprendrait la bande de Gaza, des portions de la Cisjordanie, et deux territoires enclavés dans le désert du Néguev, dans le sud d'Israël, dont l'un serait une zone industrielle "high tech", à voir la carte virtuelle diffusée par Donald Trump sur son compte Twitter https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1222224528065155072?s=20.

La bande de Gaza et la Cisjordanie, distantes d'une quarantaine de kilomètres, seraient reliées par un tunnel.

Jérusalem serait la capitale "indivisible" d'Israël tandis que la capitale palestinienne serait répartie sur plusieurs communes de la périphérie de la ville sainte.

SÉCURITÉ

Israël serait "responsable au premier chef de la sécurité dans l'Etat de Palestine", y compris aux frontières internationales du nouvel Etat.

La division en plusieurs zones des régions frontalières entre Israël et la Palestine serait également du ressort de l'Etat hébreu.

Israël conserverait le contrôle de l'espace aérien et des fréquences radio à l'ouest du Jourdain.

L'Etat palestinien n'aurait le droit de passer des accords de coopération en matière de défense, de sécurité ou de renseignement avec aucun Etat ou aucune organisation qui pourrait mettre en péril la sécurité d'Israël.

Israël garderait le droit de mener des "incursions" en Palestine pour s'assurer que l'Etat palestinien reste "démilitarisé" et ne constitue pas une menace.

FRONTIÈRES ET PORTS

La vallée du Jourdain, qui représente environ 30% de la superficie de la Cisjordanie occupée, resterait sous contrôle israélien. Le Jourdain, qui marque la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie, deviendrait une partie de la frontière orientale d'Israël.

L'Etat palestinien serait autorisé à utiliser les ports israéliens de Haïfa et Ashdod, sur la Méditerranée. Le plan évoque également la création d'une "île artificielle" au large de la bande de Gaza, qui pourrait servir de port et d'aéroport aux Palestiniens.

COLONIES ET ÉCHANGES DE TERRITOIRES

Israël serait libre d'annexer ses colonies en Cisjordanie et n'aurait à en supprimer aucune. Les Palestiniens, comme la communauté internationale, considèrent ces colonies comme illégales au regard du droit international, ce que contestent Israël et désormais les Etats-Unis.

Le plan soulève la possibilité d'incorporer au futur Etat palestinien plusieurs villages arabes israéliens situés le long de la frontière cisjordanienne.

JÉRUSALEM

Jérusalem serait la capitale "souveraine" et "indivisible" d'Israël.

Une capitale palestinienne verrait le jour à la périphérie de la ville sainte, au nord et à l'est de la barrière de sécurité érigée par Israël à travers Jérusalem-Est il y a plus de dix ans pour se protéger des attentats palestiniens.

Les Palestiniens rejettent toute proposition qui ne ferait pas de Jérusalem-Est la capitale d'un futur Etat palestinien. L'est de Jérusalem abrite la vieille ville ainsi que de nombreux lieux saints des trois religions monothéistes.

La barrière de sécurité, dit le plan Trump, servirait de "frontière entre les capitales des deux parties".

Les Palestiniens vivant du côté israélien de la barrière auraient le choix de devenir citoyens d'Israël ou de l'Etat palestinien, ou de rester "résidents permanents" d'Israël.

Le statu quo qui régit l'accès à l'esplanade des mosquées - au mont du Temple pour les juifs - serait maintenu et la Jordanie voisine continuerait de jouer le rôle de gardienne des lieux saints musulmans de la ville.

GAZA

Israël serait tenu de "mettre en oeuvre ses obligations" contenues dans le plan seulement si l'Autorité palestinienne, ou une autre institution acceptable pour Israël, prenait le pouvoir dans la bande de Gaza aux dépens du Hamas et remettrait à l'Etat hébreu tous les prisonniers israéliens ou leurs dépouilles.

S'il voulait jouer un rôle au sein d'un gouvernement palestinien, le Hamas devrait reconnaître Israël, renoncer à toute violence et accepter les accords déjà conclus entre Israël et les Palestiniens.

RÉFUGIÉS

Des centaines de milliers de Palestiniens sont devenus réfugiés après la première guerre israélo-arabe, au moment de la création d'Israël en 1947-48.

Leurs descendants se répartissent entre la Cisjordanie, la bande de Gaza, la Jordanie, le Liban et la Syrie.

Le plan Trump exclut tout "droit au retour" des réfugiés en Israël. Les réfugiés seraient autorisés à intégrer un futur Etat palestinien mais à un rythme qui ne déstabiliserait pas la nouvelle entité et n'accroîtrait pas les risques sécuritaires pour Israël.

En cas d'accord signé entre les deux parties, le statut de "réfugié palestinien" cesserait d'exister et les agences des Nations unies qui leur viennent en aide seraient transférées aux gouvernements concernés.

(version française Jean-Stéphane Brosse)