par Megan Davies et Leela de Kretser

NEW YORK, 10 janvier (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, le président Emmanuel Macron et des dirigeants du Moyen-Orient ont prévu de prendre part la semaine prochaine au Forum économique mondial de Davos, où les discussions devraient ainsi concerner les moyens de mettre fin aux guerres à Gaza et en Ukraine.

Cette 54e édition du rendez-vous annuel dans la station suisse de sports d'hiver se tiendra dans un contexte géopolitique à la complexité inédite, a concédé mardi le président du Forum économique mondial Borge Brende.

En parallèle, les banquiers centraux, financiers et dirigeants d'entreprises qui seront présents à l'événement auront à débattre d'un tableau économique mondial difficile, avec un virage attendu dans les politiques monétaires après de multiples hausses des taux face à l'inflation et une dette croissante.

Une réunion à huis clos doit ainsi être présidée par les dirigeants de la banque britannique Barclays et de l'assureur canadien Manulife Financial, selon une copie du programme que Reuters a pu se procurer.

Borge Brende, ancien ministre norvégien des Affaires étrangères, a indiqué que la priorité de cette édition 2024 du Forum serait les discussions à haut niveau diplomatique concernant les guerres au Moyen-Orient, en Ukraine et en Afrique.

La délégation américaine sera conduite par Antony Blinken et Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, ont indiqué les organisateurs.

Un représentant de la Maison blanche a fait savoir que Jake Sullivan prononcerait un discours à Davos et que l'époux de la vice-présidente Kamala Harris, Doug Emhoff, participerait aussi à l'événement. Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès du département d'Etat américain.

A Davos, Antony Blinken croisera à nouveau des acteurs majeurs du Moyen-Orient, où le chef de la diplomatie américaine a entamé cette semaine une nouvelle tournée pour discuter du conflit dans le bande de Gaza.

Des représentants du Qatar, qui joue les médiateurs entre les groupes palestiniens et Israël, seront présents, de même que le président israélien, Isaac Herzog.

Les organisateurs ont annoncé aussi la présence du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et de plus de 40 ministres des Affaires étrangères.

Il est prévu qu'Emmanuel Macron prononce un discours sur le rôle de la France dans l'avenir de l'Europe, ont-ils dit. Aucun commentaire n'a été effectué par l'Elysée dans l'immédiat. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prendra aussi la parole.

"CENTRAL"

Les deux précédentes éditions du Forum de Davos avaient été marquées par la guerre en Ukraine. Alors que le président ukrainien, Volodimir Zelensky, devrait à nouveau s'exprimer, on ne savait pas pour l'heure si des représentants russes se rendront en Suisse.

La Chine, principale alliée de la Russie, sera représentée par le Premier ministre Li Qiang, plus haut représentant envoyé par Pékin depuis que le président Xi Jinping s'est rendu à Davos en 2017.

Par ailleurs, les organisateurs du Forum ont mis en avant la présence de dirigeants du "Sud global", qui ont cherché à rester à l'écart de la guerre en Ukraine après avoir dans un premier temps condamné la Russie pour son offensive.

Les risques géopolitiques n'ont cessé de croître, entre la guerre en Ukraine, la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que les attaques en mer Rouge, liées au conflit à Gaza, qui perturbent cet axe majeur de transport maritime entre l'Asie et l'Europe. La Chine a aussi intensifié sa pression militaire autour de Taiwan.

Sur le plan économique, la situation "pourrait être meilleure", a souligné le directeur général du Forum économique mondial, Jeremy Jurgens, notant que la prévision de croissance était de 2,9% cette année.

Jeremy Jurgens a aussi mis en exergue le rôle accru de l'Amérique latine et de l'Asie, illustration de "changements plus vastes dans l'économie mondiale". Le nouveau président ultralibéral argentin, Javier Milei, est attendu à Davos.

Un représentant du Forum économique mondial a évoqué la présence de quelque 530 dirigeants de banques, assureurs, groupes financiers et autres.

"Avec des questions comme les tensions géopolitiques en cours, la nécessité urgente de répondre au changement climatique, les préoccupations économiques, et les rapides avancées technologiques influençant les politiques et les décisions des salles de réunion, ce sommet va être central", a déclaré Anna Marks, directrice mondiale de Deloitte, dans des commentaires transmis par courriel. (Reportage Leela de Kretser et Megan Davies à New York, avec Dmitry Zhdannikov à Londres, David Brunnstrom et Steve Holland à Washington, Elizabeth Pineau à Paris; version française Jean Terzian)