par Nidal al-Mughrabi

16 avril (Reuters) - Des chars israéliens ont repris position mardi dans le nord de la bande de Gaza, qu'ils avaient quitté trois semaines plus tôt, tandis que des frappes aériennes ont parallèlement été menées à Rafah, à la pointe sud de l'enclave palestinienne, ville considérée comme l'ultime refuge pour les civils gazaouis.

Selon des habitants et les organes de presse du Hamas, des chars israéliens ont avancé dans Beit Hanoun, entourant des écoles où des familles déplacées par les combats s'étaient abritées. Des coupures de l'accès à internet dans la zone, ainsi qu'à Jabalia, aussi dans le nord de l'enclave, ont été signalées par des habitants.

"Les soldats de l'occupation ont ordonné à toutes les familles à l'intérieur des écoles et des habitations voisines d'évacuer là où les chars ont avancé", a déclaré à Reuters un habitant du nord de la bande de Gaza via une application de messagerie. "De nombreux hommes ont été détenus par les soldats", a-t-il ajouté.

Beit Hanoun, ville de 60.000 habitants, fut l'une des premières zones envahies par l'armée israélienne dans le cadre de l'offensive menée en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier. Les lourds bombardements de Tsahal ont dévasté la zone, où les piles de décombres ont remplacé les vergers qui faisaient la réputation de la ville.

De nombreuses familles revenues récemment à Beit Hanoun et à Jabalia, après le retrait des troupes israéliennes, sont de nouveau parties mardi à cause du nouvel assaut, ont dit certains habitants.

Au sud de la bande de Gaza, une frappe israélienne a tué quatre personnes et en a blessé plusieurs autres à Rafah, ont déclaré les services de santé palestiniens, alors que plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants de l'enclave ont fui vers cette ville frontalière de l'Egypte depuis le début des combats.

L'inquiétude est grande dans le sud de la bande de Gaza, Israël ayant répété sa détermination à mener un assaut terrestre à Rafah, seule zone de l'enclave où les soldats de Tsahal ne sont pas encore intervenus au sol, en dépit des alertes de gouvernements étrangers et d'organismes internationaux sur la situation humanitaire et le risque pour les civils.

CONTRADICTIONS SUR L'AIDE HUMANITAIRE

Le Hamas a tué 1.200 personnes et en a enlevé 253 autres lors de son attaque d'octobre dernier. Plus de 33.000 Palestiniens ont été tués par Israël dans le cadre de l'offensive menée en réponse.

Si elles ont permis d'aboutir à une trêve d'une semaine, fin novembre, lors de laquelle des otages israéliens et des prisonniers palestiniens ont été libérés, les négociations chapeautées par le Qatar et l'Egypte pour conclure un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas peinent à avancer. Les deux camps se reprochent mutuellement des exigences démesurées et s'en tiennent à leurs conditions.

En marge de la guerre dans la bande de Gaza, les tensions régionales ont été alimentées par l'attaque aux drones et aux missiles menée par l'Iran contre Israël le week-end dernier en réponse à la frappe israélienne présumée contre un consulat iranien en Syrie le 1er avril.

Le gouvernement de guerre mis sur pied par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devait se réunir une nouvelle fois ce mardi pour discuter de la réponse à apporter à l'attaque de Téhéran, qui n'avait jusqu'alors jamais mené d'attaque directe contre le territoire israélien.

Tsahal a par ailleurs fait savoir que ses soldats continuaient d'opérer dans le centre de la bande de Gaza, tuant plusieurs hommes armés qui tentaient de les attaquer.

"Au cours de la journée écoulée, les avions de chasse et des appareils de l'armée ont détruit un lanceur de missiles ainsi que des dizaines d'infrastructures terroristes, des tunnels et des bases militaires où des terroristes armés du Hamas étaient localisés" a ajouté l'armée israélienne dans un communiqué.

Des habitants du camp de réfugiés d'Al Nousseirat, dans le centre de l'enclave, ont déclaré que des avions de chasse ont bombardé et détruit mardi quatre bâtiments résidentiels.

L'Onu a reproché mardi à Israël d'imposer toujours des restrictions "illégales" sur l'acheminement d'aides dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est catastrophique, avec entre autres pénurie de nourriture, d'eau et de biens de première nécessité.

Cette question est désormais au coeur d'un contentieux, Israël et son allié de longue date, les Etats-Unis, assurant que les flux d'aide humanitaire se sont accélérés ces derniers jours, tandis que des agences onusiennes déplorent des niveaux toujours très insuffisants et préviennent que la famine guette. (Nidal al-Mughrabi au Caire; version française Jean Terzian, édité par Tangi Salaün)