DOHA/LE CAIRE/RAFAH, bande de Gaza, 26 mars (Reuters) -

Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes au cours de la nuit de lundi à mardi dans la bande de Gaza malgré l'appel des Nations unies à un cessez-le-feu, en parallèle aux tractations qui se poursuivent au Qatar pour faire taire les armes en échange d'une libération d'otages et détenus.

Selon des habitants et les services de santé du territoire, contrôlés par le Hamas, une trentaine de membres d'un même clan familial, les Hassira, ont été tués par une frappe sur leurs habitations près de l'hôpital Al-Chifa dans le nord de l'enclave, une zone en proie à d'intenses affrontements depuis que les forces israéliennes l'ont prise d'assaut le 18 mars.

Au sud, à Rafah, où la moitié des 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza ont trouvé refuge, chassés par les combats plus au nord, les services de santé ont annoncé la mort de 18 personnes dont huit enfants dans une frappe sur une maison de la famille Abou Nqaira.

Dans le sud également, le siège par les chars israéliens de deux hôpitaux de Khan Younès se poursuivait pour le troisième jour.

Israël répète son intention de mener un assaut terrestre sur Rafah, considérée comme l'ultime refuge pour les civils palestiniens, malgré l'opposition de son allié américain, qui a pour la première fois lundi permis l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une résolution appelant à "un cessez-le-feu immédiat" dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Le texte n'a pas eu d'impact pour l'heure sur les tractations qui se déroulent à Doha pour tenter de parvenir à un accord de trêve en échange d'une libération des otages israéliens du Hamas et de prisonniers palestiniens, a déclaré mardi le Qatar, médiateur dans les discussions.

Celles-ci, a dit Madjed Al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, "se poursuivent comme auparavant, lorsque la décision (de l'Onu) était en train de prendre forme".

Selon une source au fait des tractations, des responsables du Mossad, les services de renseignement israéliens, sont toujours présents dans la capitale du Qatar, même si d'autres ont regagné Israël pour consulter leur gouvernement.

Ce dernier a accusé mardi le Hamas d'avoir des exigences "délirantes" dans ces pourparlers indirects. Le groupe palestinien a de son côté fait savoir lundi, qu'il s'en tenait à ses demandes initiales en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, dont le retrait des troupes israéliennes, le retour chez eux des déplacés palestiniens et un "véritable" échange de prisonniers contre les otages qu'il détient.

L'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, lancée en réponse à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a fait environ 1.200 morts, a coûté la vie à 32.414 Palestiniens, selon le dernier bilan fourni mardi par le ministère de la Santé du territoire palestinien.

Selon ce dernier, 81 personnes sont mortes et 93 autres ont été blessées au total au cours des dernières 24 heures.

Les Nations unies alertent depuis des semaines sur le risque de famine généralisée dans le territoire, où toute la population est confrontée aux pénuries.

L'administration de Gaza a déclaré que 18 personnes avaient été tuées lors des dernières 24 heures en cherchant à récupérer des colis largués par les airs, dont douze en se noyant dans la mer, les six autres piétinées dans une bousculade. (Andrew Mills, Ahmed Elimam et Clauda Tanios à Doha, Nidal al Mughrabi au Caire, Mohammed Salem à Rafah, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)