Si un statu quo à 1.75% était attendu, les marchés anticipaient jusqu’ici un nouveau tour de vis dès janvier prochain dans le cadre d’un cycle de resserrement monétaire entamé en juillet 2017. Le tableau dressé en octobre par la banque centrale avait soutenu ces spéculations dans le sillage de la renégociation du traité de libre-échange nord-américain, d’une consommation vigoureuse et d’une économie aux limites de sa capacité de croissance.

Mais après le communiqué publié le 5 Novembre, rien n’est moins sûr. Les argentiers canadiens s’inquiètent en premier lieu des prix de l’or noir. Le pétrole du nord du continent américain, issu des sables bitumineux, coûte cher à produire et sa rentabilité dépend directement des cours du brut. Hors la surproduction mondiale, l’expansion du pétrole de schiste chez le voisin étatsunien, le contexte géopolitique et le ralentissement de la croissance mondiale ont contribué à tasser les prix du baril ces derniers temps.

Après un PIB conforme aux attentes au troisième trimestre, les banquiers centraux s’attendent par ailleurs à un chiffre moins solide au T4 en raison du risque de guerre commerciale et de la baisse des investissements des entreprises malgré une économie US voisine qui tourne au-delà de son potentiel.

A l’inverse, la Banque du Canada n’observe aucun risque de surchauffe et donc pas de nécessité d’œuvrer davantage contre l’inflation à ce stade. Si celle-ci ressort à 2.4% sur un an au dernier pointage, soit un peu au-dessus de la cible idéale de 2%, la chute des prix de l’essence devrait compenser au cours des prochains mois.

Dans un discours prononcé le lendemain, le gouverneur de la BoC Stephen Poloz n’a pas apporté d’élément nouveau en confirmant que le niveau actuel des taux était approprié au contexte actuel, tout en restant confiant quant à la nécessité d’augmenter le loyer de l’argent à plusieurs reprises à l’avenir. L’institution vise un taux neutre compris entre 2.5 et 3.5%.

Graphiquement, le Loonie accélère à la baisse sous l’effet d’un réajustement des anticipations sur les taux, à l’origine d’une importante vague d’arbitrages sur les changes. Sur la paire USD/CAD, les amateurs de chartismes ont été pris au piège par la fausse cassure baissière du lundi 3 Décembre, expliquant le déséquilibre observé parmi les positions des traders particuliers (95% de vendeurs selon des données compilées chez différents brokers en lignes). Nous privilégions les achats sur repli à moyen terme avec un prochain test de 1.3523 CAD en ligne de mire.