* Le chef de la diplomatie US attendu à Kiev mercredi

* Discussions entre représentants européens et russes

* Berlin pourrait stopper Nord Stream 2 en cas d'attaque contre l'Ukraine

* L'Otan propose à Moscou des réunions supplémentaires (Actualisé tout du long; photo/TV à disposition)

par Susan Heavey et Sabine Siebold

WASHINGTON/BERLIN, 18 janvier (Reuters) - Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va rencontrer vendredi à Genève son homologue russe afin de tenter, une nouvelle fois d'apaiser les tensions avec la Russie, après des entretiens préalables cette semaine avec des représentants ukrainiens à Kiev et des représentants européens à Berlin.

Antony Blinken est attendu mercredi à Kiev sur fond de craintes occidentales d'une offensive russe contre l'Ukraine.

Moscou nie tout projet d'offensive mais a toutefois prévenu qu'il pourrait prendre des mesures militaires - sans préciser lesquelles - si l'Occident ne répondait pas favorablement à sa liste de demandes sécuritaires, dont la garantie que l'Otan ne permettra jamais à l'Ukraine de la rejoindre.

La Russie pourrait lancer à tout moment une invasion de l'Ukraine, a déclaré mardi la porte-parole de la Maison blanche, Jen Psaki, soulignant que la crise ukrainienne était "extrêmement dangereuse" alors que les réunions menées la semaine dernière entre Moscou et l'Occident n'ont pas permis d'avancer vers une issue diplomatique.

A Berlin, le gouvernement allemand a laissé entendre mardi qu'il pourrait bloquer le gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l'Allemagne, si Moscou venait à envahir l'Ukraine.

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a prévenu la Russie de conséquences graves en cas d'attaque contre son voisin, et le chancelier Olaf Scholz a indiqué qu'empêcher toute livraison de gaz russe vers l'Allemagne pourrait être l'une des mesures prises alors.

Interrogé sur Nord Stream 2 à l'issue d'une réunion avec le secrétaire général de l'Otan, Olaf Scholz a répondu qu'il y aurait "un prix élevé à payer" et que "tout serait discuté" en cas d'intervention militaire en Ukraine, après avoir par le passé déclaré que l'Allemagne était disposée à prendre des sanctions contre la Russie le cas échéant.

"AMÉLIORER LA TRANSPARENCE"

D'après un haut représentant du département d'Etat américain, la Russie pourrait déclencher une offensive à tout moment en janvier ou février.

"Nous avons dit clairement que des progrès significatifs sur la voie diplomatique pourront être réalisés seulement dans un environnement de désescalade. Mais nous avons vu l'exact opposé de la part de la Russie", a-t-il dit à des journalistes.

"Le président (russe Vladimir) Poutine a le pouvoir de prendre des mesures de désescalade pour que les Etats-Unis et la Russie puissent aspirer à une relation non basée sur l'hostilité ou la crise", a-t-il ajouté. "Les Etats-Unis ne veulent pas de conflit. Nous voulons la paix".

Antony Blinken s'entretiendra mercredi à Kiev avec le président ukrainien Volodimir Zelenski et son ministre des Affaires étrangères Dmitro Kouleba. Il se rendra ensuite à Berlin pour y rencontrer son homologue allemande Annalena Baerbock puis les membres du "Quad Transatlantique" réunissant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.

Le département d'Etat américain a indiqué dans un communiqué qu'Antony Blinken et Sergueï Lavrov se sont entretenus mardi par téléphone. D'après le représentant américain, Blinken et Lavrov sont alors convenus qu'il serait utile de se rencontrer.

S'exprimant depuis Berlin, le secrétaire général de l'Otan a fait savoir qu'il avait convié les membres de l'Alliance et la Russie à des réunions supplémentaires sur la crise opposant Moscou à l'Occident.

"Les alliés de l'Otan sont prêts à discuter de propositions concrètes sur la manière de réduire les risques et d'améliorer la transparence sur les activités militaires, et sur la manière de réduire les menaces spatiales et informatiques", a dit Jens Stoltenberg.

"Nous sommes aussi disposés à reprendre les échanges de compte-rendus d'exercices et nos politiques nucléaires communes", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse commune avec Olaf Scholz. (Reportage Sabine Siebold à Berlin, Susan Heavey, Simon Lewis et Daphne Psaledakis à Washington, Alexander Ratz, Vladimir Soldatkin, Andrey Ostroukh et Alexander Marrow à Moscou; version française Jean Terzian)