22 décembre (Reuters) - La Russie a accusé jeudi le Japon d'avoir abandonné des décennies de politique pacifiste et d'avoir embrassé une "militarisation à tout-va", en réponse à l'annonce faite la semaine dernière par le premier ministre japonais Fumio Kishida d'un plan de défense de 320 milliards de dollars.

"Il est désormais clairement visible que Tokyo s'est engagé sur la voie d'un renforcement sans précédent de sa propre puissance militaire, y compris via l'acquisition d'une potentielle force de frappe", a déclaré dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

Le plan de Kishida prévoit de doubler le budget de la défense pour le porter à environ 2% du produit intérieur brut sur cinq ans, ce qui constitue le plus grand renforcement militaire observé au Japon depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il reflète la crainte du Japon que l'invasion de l'Ukraine par la Russie ne crée un précédent qui encouragerait la Chine à attaquer Taïwan.

"Il s'agit d'un rejet franc de la part du gouvernment Kishida du développement pacifique du pays, qui a été déclaré encore et encore par les générations précédentes de politiciens, et d'un retour à la militarisation à tout-va", indique le communiqué russe.

D'après la Russie, une telle décision "provoquera inévitablement de nouveaux défis en matière de sécurité et entraînera une augmentation des tensions dans la région Asie-Pacifique".

Dans une nouvelle pique à l'encontre de Tokyo, la Russie a déclaré que l'augmentation du budget de la défense avait lieu malgré "l'état loin d'être brillant de l'économie nationale et la croissance des déséquilibres structurels au sein du budget de l'État".

Les relations entre Tokyo et Moscou ont longtemps été entâchées dû à un différend non résolu à propos des îles Kouriles, un groupe d'îles du Pacifique saisies par les troupes soviétiques au Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Elles se sont dégradées davantage depuis que la Russie a envahi l'Ukraine en février, ce qui a incité le Japon à se joindre à ses partenaires du Groupe des Sept (G7) pour imposer des sanctions à Moscou. (Rédigé par Mark Trevelyan; édité par Arun Koyyur; Version française Tristan Chabba, édité par Blandine Hénault)