par Andrew Osborn et Vladimir Soldatkin

MOSCOU, 9 juin (Reuters) - Un tribunal russe a rendu illégaux des groupes liés à l'opposant Alexeï Navalny en les déclarant mercredi comme des organisations "extrémistes", une mesure qui rend les membres de ces groupes inéligibles et qui devrait exacerber les tensions entre la Russie et les Etats-Unis avant le sommet entre leurs présidents.

Vladimir Poutine et Joe Biden doivent se rencontrer le 16 mai à Genève, en Suisse, sur fond de désaccords multiples entre Moscou et Washington, dont le sort réservé aux opposants du Kremlin - au premier rang desquels Alexeï Navalny.

Les Etats-Unis ont demandé la libération d'Alexeï Navalny, qui purge actuellement une peine de deux ans et demi d'emprisonnement pour des accusations qu'il dément. La Russie affirme qu'il s'agit d'une question interne et ne veut aucune ingérence.

La décision rendue mercredi constitue un coup fatal au réseau politique bâti au fil des années par Alexeï Navalny pour concurrencer la mainmise de Vladimir Poutine, dans le cadre d'une vaste répression de l'opposition menée par le Kremlin en amont des élections législatives de septembre prochain.

Elle fait suite à une requête déposée par le parquet de Moscou, lequel a accusé Alexeï Navalny et ses alliés de tenter de mener une révolution en cherchant à déstabiliser le climat politique et social en Russie avec leurs activités, dont des manifestations.

Un porte-parole du parquet moscovite a déclaré mercredi aux journalistes que le parquet se félicitait de la décision reconnaissant que les alliés de Navalny avaient organisé des manifestations illégales ayant débouché sur de vastes troubles.

Dans un communiqué, les avocats de l'opposant ont indiqué qu'ils allaient interjeter appel de la décision, estimant que les preuves apportées par les procureurs n'étaient pas suffisantes.

Aux yeux de l'opposition, les accusations du parquet sont des manoeuvres pour écarter les adversaires du parti au pouvoir avant les élections législatives.

Un message publié sur le compte Instagram d'Alexeï Navalny et visiblement préparé en avance, par anticipation du jugement, a appelé les partisans de l'opposition à ne pas se décourager.

"Nous n'allons nulle part", est-il écrit dans le message. "Nous allons digérer cela, régler des choses et évoluer. Nous n'allons pas faire marche arrière sur nos objectifs et idées. C'est notre pays, nous n'en avons pas d'autre."

La décision de justice vise notamment la fondation anticorruption (FBK) d'Alexeï Navalny, qui a enquêté sur des représentants russes, et le siège de campagne de l'opposant, qui a organisé des manifestations anti-Kremlin. Elle permet aux autorités d'emprisonner les activistes et de geler leurs avoirs s'ils poursuivent leurs activités.

En amont du jugement, les alliés de Navalny avaient suspendu les activités des groupes. (version française Jean Terzian)