Moscou (awp/afp) - Le Produit intérieur brut (PIB) de la Russie s'est contracté de -1,9% au premier trimestre 2023, selon une évaluation préliminaire de l'Agence russe des statistiques (Rosstat), un an après la pluie de sanctions qui s'est abattue sur Moscou après son offensive en Ukraine.

Le premier trimestre a été marqué notamment par l'introduction de l'embargo européen sur les produits pétroliers russes, qui s'est ajouté à un autre embargo -- sur le pétrole brut -- et au plafonnement de son prix à 60 dollars par baril, plombant les revenus de Moscou.

Les nombreuses sanctions internationales ont eu un effet non négligeable sur les finances russes: en mars, malgré des exportations de pétrole au plus haut depuis avril 2020, la manne pétrolière de Moscou a seulement atteint 12,7 milliards de dollars, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soit une importante baisse de 43% par rapport à il y a un an.

Conséquence directe, selon les dernières données disponibles, le déficit budgétaire a atteint entre janvier et avril 3.400 milliards de roubles (39 milliards d'euros au taux actuel, ndlr.), soit plus que le chiffre cible pour cette période indiqué dans la loi de finances 2023 (2.900 milliards de roubles).

Selon le ministère russe des Finances, qui a publié ce chiffre, le déficit résulte entre janvier et avril d'une baisse importante des recettes, plombées par la chute des revenus liés aux hydrocarbures (-52%), et des dépenses en forte hausse (+26%), attribuables en grande partie à l'offensive militaire en Ukraine.

Mercredi, Rosstat a indiqué toutefois que les secteurs du BTP (+8,8% sur un an) et de l'agriculture (+2,9%) avaient bien résisté au cours du premier trimestre.

Avec la trajectoire actuelle, le déficit russe pourrait atteindre entre 3% et 4% du PIB en fin d'année, selon les experts, plus élevé que les 2% espérés.

Dans ce contexte, l'inflation a, elle, largement reflué, à 3,5% en mars puis 2,3% en avril, selon Rosstat.

Le chômage, à un niveau très faible de 3,5%, n'est lui en revanche pas signe de bonne santé pour l'économie russe, mais reflète au contraire une contraction de la force de travail liée aux conséquences de l'offensive en Ukraine, qui se sont superposées à une crise démographique, phénomène durable depuis la fin des années 1990.

Cela se traduit notamment par des difficultés pour recruter dans de nombreux secteurs, comme les transports.

Selon la Banque centrale russe (BCR), la baisse du PIB au premier trimestre a atteint -2,3%, mais l'institution bancaire s'attend à une hausse de +4,2% entre avril et juin.

Sur l'année, la BCR prévoit une augmentation du PIB entre +0,5% et 2% pour 2023.

Les autorités russes estiment désormais que la croissance sera tirée non plus par les exportations, mais par la consommation des ménages, avec notamment des salaires réels en hausse.

afp/rp